Le 24 avril 2009, le Président de la République annonçait la mise en place d’un plan de 1, 3 milliard d’euros pour la formation, l’apprentissage et la professionnalisation des jeunes de moins de vingt-six ans.
L’objectif affiché était d’aider les jeunes, premières victimes de la crise économique, et dont le taux d’emploi est l’un des plus faibles de l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, à s’insérer dans la vie active.
De même, dans son rapport, la MECSS incite à renforcer le recours à l’apprentissage et à l’alternance pour les jeunes, ce qui leur permet de « cotiser au titre de la retraite dès l’entrée en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation ».
Dès lors, monsieur le secrétaire d’État, je souhaite attirer votre attention sur la confusion entre les objectifs du Gouvernement en matière d’apprentissage et a fortiori d’emploi des jeunes, et la réforme des retraites annoncée.
Expliquez-nous ce que vous aller dire à ces jeunes apprentis ! Comment allez-vous justifier le fait que vous les incitiez à intégrer le monde du travail très jeunes, et que, parallèlement, vous les condamniez à en sortir tardivement ?
La retraite à soixante ans doit rester un marqueur social. Allonger l’âge légal, c’est obliger les personnes en carrière longue à travailler au-delà des quarante annuités légales, c’est donc leur demander de payer plus sans contrepartie ; bref, de travailler plus pour gagner moins !
L’exemple le plus frappant est celui des artisans. En effet, ces derniers ont généralement commencé à travailler à seize ou à dix-sept ans. Quand ils atteignent l’âge de soixante ans, ils peuvent déjà se prévaloir de quarante-trois voire quarante-quatre ans de cotisations, soit bien plus qu’il n’est nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein. Ils cotisent « à vide » pendant des années. C’est leur infliger une double peine qui va à l’encontre de tout système de solidarité.
Vous ne pouvez afficher une valorisation des filières professionnelles, un soutien à l’artisanat et, dans le même temps, continuer à pénaliser celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt. Notons d’ailleurs que ces personnes exercent pour la plupart des métiers manuels usants.
À juste titre, le rapport de la MECSS souligne que l’un des principaux obstacles au développement de l’alternance est la concentration des secteurs d’activité qui ont recours à l’apprentissage : le bâtiment, la restauration et, encore insuffisamment, la banque, l’informatique et la fonction publique.
La réforme des retraites est l’occasion de mettre un terme à cette anomalie. Les ajustements financiers auxquels vous la cantonnez ne vont faire que l’accroître. C’est regrettable.
M. le Président de la République, lors de la présentation de son plan pour l’emploi des jeunes, disait pourtant : « en préparant les jeunes à l’avenir, la France prépare son avenir ». Comment, monsieur le secrétaire d’État, pensez-vous concilier cette légitime ambition et la réforme des retraites telle qu’elle nous a été présentée dans la presse ?