Intervention de Jean-Yves Charlier

Commission des affaires économiques — Réunion du 14 mai 2014 : 1ère réunion
Audition de Mm. Jean-Yves Charlier président-directeur général et d'olivier henrard secrétaire général de sfr

Jean-Yves Charlier, président-directeur général de SFR :

La couverture du territoire national est un enjeu important pour notre pays ; elle nécessite un investissement très important du fait même de la géographie française. Dans bien des zones peu denses, nous sommes très loin de l'équilibre et un raisonnement purement financier ferait renoncer à nombre d'antennes. Il faut faire des choix stratégiques et le rapprochement de SFR et Numericable va dans le bon sens puisqu'il renforce notre capacité à couvrir le territoire, ainsi que notre capacité d'investissement en fixe et en mobile.

Je crois, ici, que la vision des industriels ne suffit pas et que l'État doit jouer son rôle pour développer les nouveaux usages. On nous demande de déployer un vaste réseau très haut débit, mais sans politique incitant aux nouveaux usages, qui sont pourtant au coeur de la rentabilité des infrastructures. Voyez ce qui s'est passé à Paris : la fibre est partout, proposée par tous les opérateurs, mais seuls 11 % de ses utilisateurs potentiels s'y sont abonnés, c'est un échec. Pourquoi ? Tout simplement parce que les usages n'y sont pas développés. Il en va tout autrement au Japon, par exemple, où l'État et les institutions développent de nouveaux usages dans tous les domaines, de la santé à domicile au e-learning. Notre rôle d'industriels, c'est de proposer des innovations, comme nous le faisons par exemple avec la box qui offre des services domotiques. Il faut aussi que nous mutualisions les infrastructures, plutôt que de développer chacun la sienne, comme à Paris et dans les grandes métropoles.

Nous ne pourrons continuer longtemps, avec les réticences auxquelles nous nous heurtons, à installer de nouvelles antennes : or, songez qu'à Tokyo, il y a une antenne tous les cent mètres, pour absorber les flux de données, tandis qu'à Paris nous plafonnons à une antenne tous les quatre cents mètres, sans possibilité d'en implanter davantage ! Les opérateurs ne peuvent pas porter seuls toutes les obligations d'aménagement, d'autant que nous n'avons pas l'échelle suffisante. Aux États-Unis, il y a quatre opérateurs ; en Europe, pour un marché équivalent, nous sommes 140 !

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