Intervention de Roland Courteau

Réunion du 21 mai 2014 à 14h30
Débat sur le climat et l'énergie en europe

Photo de Roland CourteauRoland Courteau :

Pourtant, l’ampleur des bouleversements environnementaux nous impose de révolutionner notre mode de consommation énergétique et de croissance. On dit que la terre est en danger. Non ! La terre en a vu d’autres depuis quatre milliards et demi d’années ! Ce qui est en danger, c’est l’humanité et la biodiversité, qui sont fragiles et risquent de ne pas survivre aux changements que nous-mêmes provoquons !

Voilà qui doit nous inciter à passer d’une société fondée sur une consommation abondante d’énergies fossiles à une société plus sobre et écologiquement responsable. C’est ce que nous nommons la « transition énergétique », qui est une priorité pour la France – et je vous en félicite, madame la ministre –, comme elle devrait l’être pour l’Europe.

Il n’y a pas de meilleure réponse à l’évolution massive de la demande en énergie, à la raréfaction des ressources naturelles et à l’augmentation du prix de l’énergie, qui pèse sur la compétitivité des entreprises et sur le pouvoir d’achat des ménages. Il n’y a pas de meilleure réponse à la facture énergétique de la France, qui dépasse 66 milliards d’euros. Il n’y a pas de meilleure réponse à la précarité énergétique. Il n’y a pas de meilleure réponse dans cet environnement mondial tourmenté par les accidents climatiques. Il n’y a pas de meilleure réponse dans un monde plein d’incertitudes géopolitiques ; je pense au Moyen-Orient, à l’Iran et à tant d’autres.

Face à ces incertitudes, face à ces menaces, face aux dérèglements climatiques, une seule certitude : nous devons aller vers un changement profond de nos comportements, de nos modes de consommation, de nos modes de vie, de nos habitudes.

En fait, il s’agit de construire un nouveau modèle français et européen. Nous sommes donc invités à promouvoir une pédagogie de la sobriété et de l’efficacité énergétique en France et en Europe.

Faut-il rappeler une fois encore que le secteur des transports émet chaque année 132 millions de tonnes de CO2 ? À l’échelle de l’Union européenne, les émissions de CO2 de ce même secteur s’élèvent pour les cinq premiers mois de l’année à 366 millions de tonnes ! Il est donc urgent de diversifier le mix énergétique des transports, et je sais que vous y travaillez, madame la ministre.

Par ailleurs, comment ignorer que le chauffage des bâtiments représente 45 % de notre consommation d’énergie ? Il y a trop de logements passoires, trop de bâtiments passoires, y compris au sein du parc public. En nous attaquant à la rénovation thermique des logements passoires, nous touchons peut-être au cœur même du problème.

À cet égard, je tiens à aborder la question de la précarité énergétique en France. Certes, la loi du 15 avril 2013 permet d’étendre le bénéfice des tarifs sociaux de l’énergie à 4 millions de ménages et la trêve hivernale protège les familles les plus fragiles. Je formulerai toutefois une remarque : les tarifs sociaux ne concernent que les personnes se chauffant au gaz ou à l’électricité, et je souhaite que l’on réfléchisse à une aide destinée à ceux qui se chauffent au fioul ou au bois.

Cela étant, l’autre manière de combattre la précarité énergétique consiste à livrer bataille aux logements passoires – j’y reviens – en France et en Europe. Et c’est bien cette bataille de la rénovation thermique de l’existant que nous devons livrer et gagner.

Il y a là un impératif à la fois environnemental et social, car ce sont souvent des personnes de condition modeste qui vivent dans ces logements passoires. Cela permettra en outre de réduire notre « ardoise » auprès des pays qui nous vendent pétrole et gaz. Il s’agit enfin d’un bon moyen de relancer l’activité des métiers du bâtiment et, donc, de créer des emplois.

La voie montrée par la France, dont l’objectif est de rénover 500 000 logements par an, mérite d’être saluée.

Il est également nécessaire de parier sur les énergies renouvelables, qu’il s’agisse des énergies marines, de l’énergie hydrolienne, de l’énergie marémotrice, de l’énergie thermique, des biocarburants de deuxième et troisième génération – notamment à partir des micro-algues… Se trouvent là des champs d’action gigantesques pour l’Union européenne et la France. N’oublions pas non plus l’hydraulique, mais je vais y revenir.

Comme le temps me manque, je veux simplement rappeler qu’au cours de notre histoire chaque révolution industrielle s’est appuyée sur le déploiement d’une source d’énergie : la première révolution industrielle sur le charbon, la deuxième sur le pétrole ; la troisième s’appuiera, j’en suis convaincu, mes chers collègues, sur les énergies renouvelables.

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