Intervention de Jacques Mézard

Réunion du 21 mai 2014 à 14h30
Débat sur le climat et l'énergie en europe

Photo de Jacques MézardJacques Mézard :

Vous savez bien, monsieur Lenoir, qu’ils ne le peuvent pas : leur idée doit s’imposer sur toutes les autres !

Il est regrettable que, sous des prétextes idéologiques, nous puissions nous mettre en situation de produire une énergie plus chère et plus polluante. Je parle, bien sûr, de la volonté de réduire la part du nucléaire dans notre mix électrique, de fermer Fessenheim et d’autres centrales. Cette énergie est pour notre nation un atout, qui doit être préservé, et même, à notre sens, développé.

L’avenir est électrique et le maintien du nucléaire en France constitue un avantage pour notre pays comme pour nos voisins européens, puisqu’il garantit un prix compétitif et une production décarbonée. Le nucléaire permet en effet à notre pays de profiter du mix électrique le moins carboné d’Europe, après celui de la Suède. La France émet ainsi entre cinq et six fois moins de CO2 par kilowattheure d’électricité produite que l’Allemagne.

Il est aussi essentiel – je l’ai souligné dans ma réponse à la déclaration du Premier ministre au Sénat, le 9 avril dernier – de développer la recherche pour le nucléaire et pour d’autres filières, en n’abandonnant aucune piste, qu’il s’agisse des réacteurs de quatrième génération ou des réacteurs au thorium.

Outre les raisons que je viens d’évoquer, c’est l’indépendance énergétique de la France et de l’Europe qui est en jeu, à l’heure où la Russie dispose d’une force de frappe incontestable sur les approvisionnements en gaz.

Par ailleurs, madame la ministre, la politique énergétique devrait être empreinte de plus d’équité. Je pense en particulier au renouvellement des concessions hydroélectriques. On ne peut imposer à certains États comme la France de renouveler ses concessions et en exempter d’autres ; cela n’est pas normal !

En tout état de cause, le développement des énergies renouvelables n’échappera pas à un certain nombre de chantiers, pour lesquels la coopération est indispensable. C’est le cas de la recherche portant sur les techniques de stockage de l’énergie, sur l’efficacité énergétique, sur les énergies renouvelables, en vue d’accélérer leur maturité. C’est aussi le cas de l’investissement dans le renforcement des réseaux de transport d’énergie, qui vise à intégrer les énergies renouvelables en toute sécurité, à absorber leur intermittence et à prendre en compte l’éloignement entre les lieux de production et les lieux de consommation.

En conclusion, madame la ministre, nous souhaitons bien sûr une concertation renforcée entre les États de l’Union, dans le cadre des structures européennes, mais cette concertation, si indispensable qu’elle soit à nos yeux, ne saurait en aucun cas se réduire à l’alignement de la France sur la politique de l’énergie allemande, qui est très contestable.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion