Intervention de Delphine Bataille

Réunion du 21 mai 2014 à 14h30
Débat sur le climat et l'énergie en europe

Photo de Delphine BatailleDelphine Bataille :

De plus, l’arrêt des centrales allemandes s’accompagne d’une dépendance accrue au gaz russe, de l’importation d’énergie nucléaire française et d’une flambée des prix de l’électricité pour les consommateurs. D’ailleurs, ce phénomène participe aujourd’hui à la remise en cause par l’Allemagne de ses propres choix énergétiques.

De son côté, le mix énergétique de la Pologne, chef de file des pays d’Europe orientale, est assez édifiant ! Dans ce pays naturellement riche en charbon, 86 % de l’électricité est produite à partir d’énergies fossiles. Aussi, bien qu’ayant ratifié le protocole de Kyoto, la Pologne s’oppose systématiquement aux objectifs ambitieux fixés par les autres membres.

Dans ce contexte, les conclusions du sommet énergie-climat adoptées le 21 mars dernier ont dévoilé une Europe divisée, notamment sur le calendrier d’adoption de nouveaux objectifs climatiques.

L’objectif privilégié par la Commission, et soutenu par la France, de réduction des gaz à effet de serre à hauteur de 40 % à l’horizon 2030 ne fait pas consensus.

Si les énergies renouvelables doivent, à l’évidence, jouer un rôle croissant dans le mix énergétique des pays européens, elles ne peuvent se substituer à court terme aux énergies fossiles.

Le débat ne peut donc pas porter uniquement sur la composition du mix énergétique et le développement des énergies renouvelables, qui soulèvent encore beaucoup d’oppositions parmi les États membres.

La recherche de l’efficacité énergétique et la mise en œuvre de mesures favorisant les économies d’énergie doivent être intégrées à la stratégie de l’Union, de même qu’un plan de réduction de la dépendance permettant de garantir la sécurité énergétique de l’Europe, selon la volonté des États membres.

Par ailleurs, les contraintes économiques et financières imposent une approche raisonnée en termes de mix énergétique. Des investissements très importants et des efforts en matière de comportement, de développement des infrastructures et de recherche seront nécessaires, quel que soit le scénario énergétique choisi.

L’amélioration de l’isolation des bâtiments et des économies d’énergie réalisées dans ce secteur représente un bon pari. Toutefois, il faut réfléchir au coût consécutif, car un plan d’économies d’énergie en l’espèce supposerait, pour la France, une dépense de près de 1 000 milliards d’euros – vous avez bien entendu ce chiffre vertigineux, madame la ministre, mes chers collègues –, soit trois fois le coût du renouvellement d’ici au milieu du siècle du parc nucléaire.

L’énergie et le climat sont, comme la transition énergétique, des questions complexes, qui ne peuvent être considérées du point de vue de leurs seuls effets écologiques. Si la réduction de la consommation d’énergie et la lutte contre le réchauffement climatique constituent des enjeux majeurs, nous devons également prendre en considération la dimension économique, la lutte pour l’emploi et la réduction des déficits publics.

La question posée aujourd’hui, madame la ministre, compte tenu des divisions, est de savoir si le compromis ambitieux proposé par la Commission au mois de mars dernier sera d’abord confirmé par le Conseil européen qui se tiendra au mois de juin puis validé définitivement au mois d’octobre.

La conférence de Paris sur le climat en 2015 nécessite de fait qu’un accord soit trouvé le plus vite possible. Elle doit déboucher sur un premier accord mondial engageant les grandes puissances, États-Unis, Chine, Russie, Inde, ainsi que l’ensemble des pays en développement ou émergents, tels que le Brésil. §

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