Intervention de Ségolène Royal

Réunion du 21 mai 2014 à 14h30
Débat sur le climat et l'énergie en europe

Ségolène Royal, ministre :

… à condition toutefois que nous mobilisions plus fortement et plus rapidement nos compétences scientifiques, technologiques, industrielles, que nous développions les formations et les métiers adéquats, de façon à être les premiers à réussir la grande transformation écologique du XXIe siècle.

L’histoire ne se répète jamais à l’identique, mais on doit toujours en tirer d’utiles leçons. L’Europe des pères fondateurs s’inscrivait dans un monde qui n’est plus le nôtre, mais nous devons poursuivre l’élan initial qui lui fut donné grâce à l’ample vision de quelques-uns qui conçurent pour elle une grande ambition, autrement dit l’expérience fondatrice de la Communauté européenne du charbon et de l’acier.

L’Europe encore en reconstruction des années cinquante manquait dramatiquement d’énergie pour se redresser. Ses industries charbonnières étaient obsolètes, dispersées, concurrentes, polluantes, et la facture de ses importations énergétiques était au-dessus de ses moyens. À ce moment-là, six pays firent le pari audacieux de s’en sortir ensemble et y réussirent.

De nos jours, la question énergétique n’en demeure pas moins centrale. La prendre résolument à bras-le-corps est la façon la plus réaliste et la plus enthousiasmante de mettre le cap sur une croissance verte, écologiquement et socialement créatrice d’emplois et de bien-être, une croissance verte qui encourage et soutient hardiment l’innovation, qui stimule et épaule le goût d’entreprendre, qui ne tient pas les salariés pour une variable d’ajustement et qui améliore le pouvoir d’achat et la santé de tous. Accélérer le rythme est à notre portée, j’en suis convaincue, et le présent débat le démontre.

Consentir ensemble un effort dans le domaine de la recherche, par exemple pour lever l’obstacle du stockage de l’énergie ou pour devenir les champions de la chimie verte, est à notre portée.

Financer les importants investissements d’avenir nécessaires à ces grands chantiers que sont l’isolation thermique des bâtiments et des logements, les transports propres et les véhicules électriques, l’amélioration des performances des énergies renouvelables de toutes catégories – solaire, marine, éolienne, géothermique – est à notre portée.

Bien sûr, chaque pays a ses filières d’excellence qui, conjuguées, formeraient une force de frappe considérable. C’est en agissant ensemble que nous pourrons nous soustraire aux aléas des soubresauts géopolitiques et au chantage pétrolier ou gazier des uns ou des autres. C’est ainsi que nous assurerons notre souveraineté et notre sécurité énergétique. C’est évidemment une chance historique pour l’Europe d’apporter des réponses concrètes et opérationnelles aux attentes de ses peuples. Ne nous laissons pas ralentir par les frilosités et les bureaucraties de toute nature, car les peuples s’impatientent.

Qu’importe, dans cette perspective, que chaque pays d’Europe ait sa propre identité ou spécificité énergétique, avec ou sans nucléaire, avec ou sans charbon.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion