Intervention de Ségolène Royal

Réunion du 21 mai 2014 à 14h30
Débat sur le climat et l'énergie en europe

Ségolène Royal, ministre :

Madame Jouanno, vous avez très justement rappelé les risques que fait courir le réchauffement climatique sur la paix mondiale. Il est à noter les personnes déplacées et, malheureusement, les conflits armés pour le contrôle de l’accès à l’eau potable, faits qui nous conduisent à intervenir avec encore plus de force.

Vous avez aussi souligné le rôle de la fiscalité écologique européenne, notamment la question du prix du carbone. Vous avez absolument raison : c’est l’un des domaines sur lequel l’Europe doit avancer clairement et rapidement.

Vous avez également complété l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre par la notion d’empreinte carbone. Cette approche novatrice me semble en effet indispensable, et nous devrons réintégrer cette notion trop souvent oubliée dans notre réflexion.

Madame Didier, vous avez insisté sur le coût de l’économie mondialisée. Effectivement, si les transports étaient payés à leur juste prix, les rapports de force ne seraient sans doute pas les mêmes et l’évolution vers des transports propres aurait été bien plus rapide. Vous avez relevé la nécessité de tirer tous les États vers le haut pour trouver le meilleur modèle énergétique. Je pense que c’est une bonne façon de faire, en commençant par l’Europe, en prenant ce qu’il y a de meilleur dans chaque pays, et en aidant chaque État à supprimer ce qu’il peut y avoir de pire chez lui.

Vous avez aussi évoqué, de même que d’autres intervenants, les concessions hydrauliques. Je suis allée à Bruxelles lundi dernier pour notifier à la Commission notre demande de prolongation de ces concessions, avec en contrepartie l’engagement, que j’inscrirai dans le futur projet de loi, de faire évoluer le statut juridique des entreprises concernées et de les transformer en sociétés d’économie mixte, les SEM, à l’image de la Compagnie nationale du Rhône. Je pourrai soutenir l’argument selon lequel nous avons besoin d’un peu de temps pour mettre en place ces SEM. De surcroît, dès lors que les entreprises seront assurées du prolongement de leur concession, elles devraient pouvoir investir 1, 5 milliard d’euros. Je soutiens donc sans réserve cette position.

Monsieur Courteau, vous avez parlé de pédagogie, de sobriété énergétique, et vous avez dénoncé les bâtiments-passoire. C’est à raison que l’on donne parfois des leçons aux autres pays quand on est soi-même en avance, mais, sur ce sujet, la France est très en retard. En effet, dans les années soixante-dix et quatre-vingt, l’énergie étant abondante et bon marché dans notre pays, nous n’avons pas été très regardants en matière de construction. À l’inverse, les pays où l’énergie était rare ou chère disposent aujourd’hui d’un avantage compétitif certain, car ils ont anticipé. Ainsi, je suis convaincue que l’un des leviers de la croissance économique en Allemagne réside dans la mobilisation de ce pays sur des chantiers d’isolation énergétique : leurs entreprises ont développé des savoir-faire, construit des bâtiments extrêmement performants et remporté des appels à projets internationaux.

Vous le constatez, mesdames, messieurs les sénateurs, les choix effectués à certaines périodes sont déterminants. Si l’on n’anticipe pas sur les mutations à venir, on le paye assez cher par la suite.

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