Intervention de Pascal Brunet

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 21 mai 2014 : 1ère réunion
Diversité culturelle — Table ronde

Pascal Brunet, directeur du Relais Culture Europe :

Le champ des questions qui ont été abordées est vaste. J'espère donc ne rien laisser de côté. Dans un contexte mondialisé bien spécifique, il convient de se demander quelle démarche permettrait d'articuler l'approche commerciale et la dimension purement culturelle. Par exemple, nous ne pouvons pas occulter le fait que le principal marché de l'art, à l'heure actuelle, est le marché chinois. Il nous faut rester attentifs aux basculements de l'ordre du monde, à sa réorganisation et à l'impact que ces évolutions ont sur la circulation des idées. Il convient de s'intéresser aux États-Unis, à leurs industries culturelles et, encore davantage, aux liens qui unissent aujourd'hui ces industries culturelles avec les industries de communication. La force des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) doit bien entendu nous conduire à nous interroger sur la force culturelle dominante des États-Unis, mais elle ne doit pas nous amener à occulter l'apparition de nouveaux acteurs. C'est dans ce contexte que se pose la question de l'articulation entre exception et diversité culturelles dont nous devons tenir compte dans un monde en rapide évolution. Ce changement ira probablement dans le sens d'un renforcement de la zone pacifique, en termes de productions culturelles comme de consommation des produits culturels. Face à cette réalité, il convient de trouver un équilibre tout en tenant compte des acteurs émergents. L'Afrique, par exemple, est devenue une figure majeure du concert mondial de la production culturelle. On parle beaucoup du Nigeria pour d'autres raisons aujourd'hui, mais ce pays est le premier producteur - en nombre - de films, à défaut d'être le chef de file en termes de capital investi dans cette industrie.

Un déséquilibre existe effectivement entre le Conseil de l'Europe et l'Union européenne. Il me semble cependant que les réformes institutionnelles à venir vont contribuer à renforcer très sérieusement le rôle du Parlement et donc de sa commission culturelle ce qui offrira une opportunité de rééquilibrage entre les approches de ces deux entités. Certains indices vont d'ores et déjà dans ce sens : d'abord, il convient d'insister sur l'émergence d'un discours sur la dimension culturelle de l'action extérieure de l'Union donc de sa diplomatie culturelle, ce qui est tout à fait nouveau.

On observe l'émergence d'un débat qui tente de concilier d'une part, la logique du Conseil de l'Europe, selon lequel les politiques culturelles constituent une mesure de confiance nécessaire avec le dialogue diplomatique et mondial, et d'autre part, le débat exclusivement commercial dans le cadre de l'Union. Le Parlement européen se saisira probablement de cette question en inscrivant son action dans une approche culturelle de l'Union. Ce nouveau débat soulève un problème de cohérence entre nos accords commerciaux, nos accords internationaux, nos politiques actives et nos règlements car l'enjeu de la diversité réside parfois dans des endroits inattendus. Peut-être pourra-t-on constater que le consensus européen n'est pas si fort. Il existe heureusement des digues solides telles que celle relative à l'exception culturelle, mais d'autres peuvent se fragiliser sur des questions énergétiques ou sur des règlements commerciaux généraux. Nous devons travailler à ce consensus pour construire les alliances nécessaires.

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