Intervention de Alain Gournac

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 22 mai 2014 : 1ère réunion
Violences dans les armées — Audition de Mme Brigitte deBernardy contrôleur général des armées et du général d'armée didier bolelli inspecteur général des armées

Photo de Alain GournacAlain Gournac :

J'ai quelques inquiétudes à propos du bizutage. Je reviens d'une mission dans les armées, organisée dans le cadre de la commission des affaires étrangères et de la défense à laquelle j'appartiens. Général, vous dites que les jeunes militaires sortent le soir et boivent : mais dans les casernes aussi ! Or l'alcool favorise les débordements, souvent aux dépens des femmes. La peur de voir leur carrière bloquée n'encourage-t-elle pas les victimes à choisir la voie d'un arrangement plutôt que de dénoncer leur agresseur ? Qu'en est-il des personnels civils, nombreux, par exemple sur la base de Saint-Germain-en-Laye ? Enfin, aidez-vous les victimes qui souhaitent quitter l'armée à se reconvertir ?

Général d'armée Didier Bolelli. - Je n'ai pas parlé du bizutage, certes, qui est un autre problème. Mais j'ai évoqué les jeunes soldats dans les casernes et mentionné le problème de l'alcool, qui est très grave, j'en suis conscient. Dans l'armée américaine, les soldats n'ont pas droit à une goutte d'alcool pendant la semaine. Le week-end, il y a parfois un certain dérapage... C'est la même chose au sein des troupes de l'ONU. Je ne dis pas qu'il ne faut pas interdire l'alcool. C'est un problème compliqué. Les pots sont nécessaires aussi à la cohésion des équipes. L'armée est à l'image de la société en ce domaine. Nous le savons tous comme parents. Dans les écoles de commerce, des soirées « open bar » sont sponsorisées par les marchands d'alcool. J'ajoute que l'armée a du mal à recruter : cela l'oblige à faire preuve d'une certaine tolérance. Les jeunes soldats considèrent leur chambre comme un espace privatif où ils peuvent consommer de l'alcool, pour ne pas dire plus, d'autant plus que quand ils partent en opérations extérieures, ils vivent dans la promiscuité pendant plusieurs mois...

J'ai commandé un régiment de parachutistes. En cas d'accident au saut en parachute, le premier geste sur le blessé est... un alcootest. Dans le cadre de la procédure Evengrave, on signale systématiquement les accidents mettant en cause des personnels militaires arrêtés en ville avec un taux d'alcoolémie supérieur à ce qui est autorisé, même si ces accidents surviennent en dehors du service.

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