Je peux vous dire que c’est excellent, car les élus restent ainsi en lien avec le réel.
À l’heure où l’on parle de décrochage scolaire et d’échecs graves – de 15 % à 20 % des élèves – en commission ou dans la presse, il serait tout de même dommage de ne pas soutenir les colos. C’est d’abord à l’État de maintenir ses aides, car cette contribution à la réussite scolaire procure un très grand bénéfice pour la société et le budget de la France, ce que jamais personne ne dit ou n’évalue.
Les vacances, qui peuvent sembler normales pour certains, sont en réalité un véritable luxe pour une grande partie de la population. Pourtant, loin d’être anodines, elles peuvent jouer le rôle de déclencheur et de levier pour aider des familles en difficulté à reprendre une activité, à reprendre espoir, des initiatives, à retrouver la volonté de s’en sortir et de surmonter les obstacles. En effet, l’enfant qui part en colo peut aussi tirer sa famille vers le haut, mais le tout doit bien sûr être conçu dans une vision sociale, avec un accompagnateur et une aide financière appropriée.
S’agissant d’un formidable outil d’action et de promotion sociales qu’il ne faut pas sous-estimer, il nous semble particulièrement important aujourd’hui de réaffirmer une volonté de réappropriation des colonies par toutes les classes sociales en les revalorisant comme lieu de transmission privilégié de l’éducation populaire.
La vision des colonies de vacances que je décris n’est pas celle qui s’impose forcément aujourd’hui, et je le regrette.
L’éducation populaire, qui s’était fortement développée dans les années soixante, avait pour finalité la formation critique des citoyens dans une politique d’éducation large visant l’émancipation par des savoirs et des pédagogies d’éveil accessibles au plus grand nombre.
Face à cette situation, la tentation est grande de renoncer à la professionnalisation des animateurs, à cause de son coût, de réduire leurs droits en diminuant leurs salaires ou en augmentant leur temps de travail, voire de recourir au bénévolat. Ce serait un tort ! La question du coût des colonies et de l’accès des classes populaires à ces dernières ne se résout en aucun cas par la création de nouveaux travailleurs pauvres. Nous appelons donc les pouvoirs publics à mener des politiques sociales visant à favoriser le départ d’un maximum d’enfants et d’adolescents ; les colonies de vacances demeurant l’un des rares espaces de mixité et de cohésion sociales, il convient de les préserver, voire d’en augmenter le nombre.
L’intercommunalité en marche pourrait être un levier judicieux pour relancer le droit aux vacances pour tous dans l’esprit de la coopération des territoires, encore faudrait-il impulser cette idée novatrice.
En tout cas, rien ne pourra se faire si l’État ne se préoccupe pas d’urgence de l’avenir des centres de colonies de vacances.
Nous sommes plus inquiets aujourd’hui qu’hier avec la réduction très forte des dotations aux communes et à l’ensemble des collectivités territoriales, d’autant que des charges nouvelles vont leur incomber, notamment avec la mise en œuvre des nouveaux rythmes scolaires. Je ne suis pas contre, mais il faut trouver l’argent !
Permettez-moi de donner quelques recettes pour obtenir une réduction des coûts. Tout d’abord, il peut être envisagé de limiter l’éloignement des centres de séjours et de négocier des tarifs très privilégiés avec la SNCF. En outre, les CAF devraient flécher des crédits plus importants de la branche famille et l’Agence nationale pour les chèques-vacances pourrait créer un chèque « séjour collectif enfance-jeunesse ». Par ailleurs, il faudrait que les salariés des TPE obtiennent des chèques-vacances.
Pourquoi ne pas instaurer également une taxe spécifique sur l’hôtellerie de luxe, même si M. Dufaut a catégoriquement rejeté cette solution ?
Les ventes du patrimoine immobilier, comme j’ai pu le voir quelques fois en bord de mer, représentent en tout cas ce qu’il a de pire pour l’avenir de notre pays et de notre jeunesse. Même si cela rapporte aux collectivités dans un premier temps, la perte est importante à plus long terme.
Il ne faut pas oublier que le développement de nos colonies de vacances contribue à l’activité économique touristique de nos territoires, qu’ils soient situés en montagne, sur le littoral ou dans nos campagnes.