Merci, chers collègues, pour ce rapport qui me paraît constituer une vision très réaliste de la situation dans la région. Je me suis moi-même rendu dans les territoires palestiniens, il y a trois ans, et je constate avec vous que cette situation, dramatique, ne s'est pas améliorée, au contraire.
En fait, j'ai le sentiment que le processus d'Oslo, lancé en 1993, est aujourd'hui arrivé à son terme, par épuisement, et que le relancer ne servirait guère. Voilà plus de vingt ans que l'on négocie, avec des interruptions plus ou moins longues, entre Israéliens et Palestiniens ; on pourrait sans doute négocier encore indéfiniment, sans plus de résultats. En la matière, ce qu'il faut, c'est une volonté d'aboutir. Or, actuellement, le choix de la communauté internationale de laisser face à face Israël et les Palestiniens consiste à mettre en présence un interlocuteur puissant et un interlocuteur qui ne l'est pas. Cette situation, comme Talleyrand ou Clausewitz le montreraient très bien, ne peut donner lieu à une solution équilibrée.
Depuis le début du processus d'Oslo, comme tout le monde le sait, les clauses d'un accord israélo-palestinien, techniquement, sont rédigées. Les cinq questions du statut final - frontières, sécurité, Jérusalem, réfugiés, eau -, que notre collègue Gilbert Roger a rappelées, ont très vite été trouvées par les négociateurs... Mais ces négociateurs n'étaient pas en mesure de ratifier ces solutions au plan politique. La situation n'a cessé d'évoluer de façon négative et de se compliquer, d'année en année. Aujourd'hui, la situation politique est bloquée au sein des deux parties : aussi bien du côté israélien que du côté palestinien, chacun sait que celui qui accepterait de signer le premier serait politiquement mort.
En d'autres termes, on ne peut aujourd'hui aboutir que par un processus international où les deux interlocuteurs ne seraient pas laissés seul à seul. D'autant que beaucoup des solutions envisagées dans un premier temps sont devenues de moins en moins réalistes, compte tenu du nombre de colonies israéliennes aujourd'hui installées. Je souscris donc à l'objectif défendu par nos collègues Gilbert Roger et Michèle Demessine de mobiliser la communauté internationale en faveur d'une solution.
Pour parvenir à cette solution, bien sûr, il convient d'écouter chacune des parties concernées. C'est ce que fait notre commission. Le risque est que, dans un rapport aussi déséquilibré que celui qui existe entre Israéliens et Palestiniens, la partie la plus forte soit aussi la plus entendue.
Cela dit, le rapprochement entre le Fatah et le Hamas, même si la division reste entretenue, représente évidemment un point positif pour l'Autorité palestinienne. Il en va de même du statut d'« État non membre » reconnu à cette dernière par l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies, dont le gouvernement palestinien va sans nul doute pouvoir profiter, à la condition de le faire avec la prudence nécessaire pour éviter d'encourir systématiquement la colère de la partie israélienne.
Je laisse à présent s'exprimer les autres réactions, et d'éventuelles questions.