Intervention de Michel Billout

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 11 juin 2014 : 1ère réunion
Communication de m. gilbert roger président et mme michelle demessine vice-présidente du groupe d'amitié france-palestine

Photo de Michel BilloutMichel Billout :

Je salue le travail du groupe d'amitié, dont je suis membre. J'étais moi-même en Cisjordanie, il y a une dizaine de jours, à la suite de la visite du Pape François, lequel a porté, je crois, un beau message de justice et de paix. Ce message tend à réconcilier deux peuples qui, du reste, me semblent n'avoir pas d'autre choix que de trouver les termes de leur coexistence pacifique.

En effet, si, aujourd'hui, on devait admettre que la solution d'une coexistence entre deux États distincts n'est plus possible, alors, compte tenu de l'implantation des colonies israéliennes et du réseau de routes et de tunnels qui les relie, réservé aux Israéliens, je ne vois pas comment on pourrait éviter un système d'apartheid. Je pèse mes mots. D'ailleurs, la revendication même d'une reconnaissance d'Israël comme État juif soulève la question du statut en Israël de citoyens musulmans, ou chrétiens. Aussi, il est de la responsabilité de la communauté internationale d'inciter Israël à ne pas persévérer dans cette voie, qui est celle de nouvelles catastrophes.

Il y a trois ans que je n'étais pas allé sur place. J'ai été frappé par l'avancée de la construction des colonies israéliennes, qui occupent désormais un territoire considérable. Ces constructions, pourtant, ne répondent pas à un besoin de la population : entre un tiers et la moitié seulement des logements sont occupés, m'a-t-on dit. Ce phénomène d'expansion trouve son prolongement dans le mur, les clôtures électrifiées, les systèmes de contrôle, qui segmentent les territoires cisjordaniens, entravent les déplacements d'un lieu à un autre, et sont une forme de violence quotidienne infligée aux Palestiniens. Dans un tel contexte, sauf à susciter un nouvel espoir, une nouvelle Intifada n'est pas impossible.

Depuis un mois et demi, un important mouvement de grève de la faim est observé, dans les prisons israéliennes, par les personnes en situation de rétention administrative. Des Palestiniens sont en effet détenus, pour des raisons politiques, depuis plusieurs années, sans qu'aucun grief officiel ne pèse contre eux, et sans qu'un terme à cette situation soit prévu. Le sujet embarrasse actuellement les différentes parties.

Je rejoins donc tout à fait l'opinion de notre collègue Daniel Reiner suivant laquelle laisser les Israéliens et les Palestiniens seuls, face à face, ne mènera à aucune solution viable. Celle-ci relève de la responsabilité de la communauté internationale.

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