J'apporterai, en réponse, quelques éléments de précision.
Notre déplacement est intervenu peu de temps après la visite du Président de la République en Israël et en Palestine. Comme, de ce fait, nous disposions déjà d'informations d'ordre diplomatique, les travaux de notre groupe se sont principalement concentrés sur la vision palestinienne de la négociation avec Israël, ainsi que sur le développement économique des territoires occupés.
En ce qui concerne les Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, notre délégation avait adressé aux autorités israéliennes une demande de visite, appuyée par le ministre français des affaires étrangères et relayée par notre Consul général à Jérusalem, mais cette demande n'a pas pu aboutir, dans la mesure où nous n'étions ni des avocats, ni de la famille des intéressés. Notre démarche a néanmoins reçu une publicité sur place.
Nous avons été à la rencontre des Chrétiens d'Orient, notamment à Abu Gosh, et nous estimons en effet que la France a à jouer un rôle, extrêmement important, à leur égard. Actuellement, un certain nombre de fêtes religieuses juives sont « inventées », dans Jérusalem, qui semblent n'avoir pour finalité que de justifier des restrictions de circulation et d'empêcher des déplacements, ce qui pénalise la pratique de leur culte par les Chrétiens. Le Président de la République, lors de sa visite, a reçu les autorités religieuses, et le Pape François, à l'occasion de la sienne, disposait de l'ensemble des doléances que la communauté chrétienne est fondée à formuler en ce domaine.
Nous avons également rencontrés les Français vivant et travaillant en Palestine, nationaux ou binationaux. Ils ont témoigné des grandes difficultés de circulation que leur font subir les autorités israéliennes. À titre d'exemple, nos diplomates ont été obligés d'organiser, avec un véhicule du Consulat général, le ramassage scolaire quotidien de leurs enfants : avec des moyens de transports ordinaires, ces derniers ne pourraient atteindre le lycée français.
Sur la question des colonies, nous avons souhaité recueillir l'opinion, non seulement de Palestiniens, mais également d'Israéliens, notamment par le canal de l'association « Breaking the Silence ». Certains Israéliens pensent que ce phénomène de la colonisation est allé trop loin, et qu'il est devenu un problème pour les Israéliens eux-mêmes. Ils estiment en effet que le développement de l'insécurité chez les Palestiniens nuit à leur propre sécurité.
Le mur bâti par Israël constitue une difficulté importante pour la circulation des personnes, compte tenu de la nécessité de passer par des « check points » où l'attente peut être longue ; cette entrave aux déplacements s'avère particulièrement pénible pour les Palestiniens, lorsque les villages se trouvent d'un côté, les champs d'oliviers qui font vivre ces villages de l'autre. Mais une difficulté nouvelle est apparue : des routes, de six voies hors dégagements, défendues par des barbelées, qui coupent et compartimentent le territoire, impossible à traverser. Les colonies israéliennes sont reliées entre elles par ces routes et par des tunnels, mais les Palestiniens ne peuvent les emprunter. Des espaces déclarés « zones d'espace vert sensible » ou « zones de recherche archéologique » ajoutent aux différents empêchements de circuler.
Un mot, enfin, sur le rôle que pourrait jouer l'Union européenne dans la recherche d'une solution. Le Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, actuellement, ne dispose pas de marge de manoeuvre. Notre ministre des affaires étrangères, lors de sa récente audition par notre commission, a évoqué la possibilité d'une initiative française. Après l'échec de la diplomatie américaine, et tandis que le Pape François vient de marquer les esprits en réunissant, au Vatican, les présidents Mahmoud Abbas et Shimon Peres, même si ce dernier devrait bientôt quitter ses fonctions, peut-être verra-t-on prochainement cette initiative de notre pays ?