Intervention de Julien Damon

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 4 juin 2014 : 1ère réunion
Atelier de prospective « quels emplois pour demain ? »

Julien Damon, professeur associé à Sciences Po :

Selon le rapporteur, nous ignorons largement quels seront les métiers de demain. Comme il l'a indiqué, on dit qu'entre un tiers et 70 % des métiers restent à inventer à l'horizon 2024. Ma question s'adresse aux auteurs de l'ouvrage À quoi ressemblera le travail demain ? : que vous inspire ce constat ?

Olivier Charbonnier, cofondateur de D-Sides, laboratoire d'innovation et de prospective, et co-auteur de l'ouvrage À quoi ressemblera le travail demain ? - Gardons-nous d'apporter des réponses trop hâtives. La question même de l'existence de « métiers de demain » doit se poser. En effet, raisonnerons-nous demain encore en termes de métiers et d'emplois ? Nous nous trouvons dans une période de transformation profonde.

Une fois cela rappelé, un certain nombre de questions se posent. Il s'agit d'adapter à la fois notre appareil de formation et notre appareil de production aux mutations pressenties.

Concernant l'appareil de formation, nous assistons à l'émergence de nouvelles formes de capacités et de compétences. Cette préoccupation doit être prise en compte dès maintenant, sans pour autant chercher trop rapidement à imaginer un système pédagogique fermé. Il convient de laisser des portes ouvertes.

Sur la question de l'appareil de production, un travail très important d'accompagnement des entreprises est nécessaire pour que celles-ci s'ouvrent et accueillent de nouveaux gisements d'activités. Par exemple, dans le domaine des data, il existe un potentiel colossal dans la capacité à récupérer, interpréter et commercialiser des données. Toutefois, à ce jour, nous ignorons encore combien d'emplois ces activités produiront. Concrètement, nous avons intérêt à ce que nos entreprises se transforment, en favorisant une forme de « flexisécurité » pour permettre aux individus d'innover et de prendre des initiatives. Par ailleurs, il est souhaitable que nos entreprises s'ouvrent vers l'extérieur et aillent chercher de la souplesse et de la création d'activité auprès de plus petites structures, plus récentes, plus souples et plus agiles, comme le sont des laboratoires de recherche ou des start-up.

Vos propos me conduisent à poser une question qui est, à mon sens, en plein coeur de notre débat : y aura-t-il encore des managers demain ?

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