Intervention de Henri Proglio

Commission des affaires économiques — Réunion du 24 juin 2014 : 1ère réunion
Transition énergétique — Audition de M. Henri Proglio président-directeur général d'électricité de france edf

Henri Proglio, président-directeur général d'EDF :

Effectivement, et ce doit être un signe du génie français, que de subventionner des concurrents pour qu'ils viennent nous prendre des parts de marché...

EDF est favorable à l'optimisation énergétique, c'est même devenu l'un de nos métiers ; il est vrai que nous partions de loin, vu que le principe de la spécialisation d'activité nous interdisait, avant 2006, de développer des services énergétiques. Nous sommes désormais en phase de consolidation, avec la plate-forme de services énergétiques regroupant Dalkia, Veolia et EDF. Tous services et usages confondus, du logement à l'industrie, en passant par les collectivités publiques, cette plate-forme au service de l'optimisation énergétique est bien le complément direct de notre production électrique.

Autre sujet, la réglementation thermique. Il se trouve qu'elle a été révisée au moment même où je me battais sur le front de la loi NOME et que sa rédaction a été confiée principalement à GDF ; je ne peux que déplorer qu'elle soit devenue aussi « pro-gazière », car ce n'est pas dans l'intérêt de notre compétitivité, nous n'avons aucun avantage compétitif dans les énergies fossiles. J'invite chacun à examiner ce dossier de près car cette réglementation n'est pas immuable : il est encore temps de faire mieux, y compris par des mesures incitatives.

EDF est donc un acteur majeur pour les économies d'énergie, c'est notre métier comme opérateur de système, nous investissons par exemple 6 milliards d'euros dans les compteurs intelligents. Comme grand opérateur mondial de l'électronucléaire, nous nous sentons également légitime pour avoir un rôle volontaire et responsable envers la filière du nucléaire - qui emploie 250 000 personnes en France, ce qui en fait la troisième filière après l'automobile et l'aéronautique.

Comme premier opérateur des énergies renouvelables en Europe, nous avons un certain recul, de quoi résister aux sirènes de la mode qui, hélas, ont dicté des choix peu rationnels dans ce domaine - je me souviens qu'en 2010 après la tempête Xynthia, les propriétaires landais pouvaient obtenir un prix allant jusqu'à 600 euros le mégawattheure pour la production d'électricité photovoltaïque sur leurs terrains : ils pouvaient quasiment doubler la valeur de leur patrimoine chaque année, c'était parfaitement irrationnel. Autre exemple : un responsable allemand me confiait que les énergies renouvelables, suite à la programmation de la fermeture des centrales nucléaires, concentraient 1 200 milliards d'euros de subventions pour les vingt prochaines années, soit 20 % de plus que le coût de la réunification allemande ! L'Allemagne est un contre-exemple en matière énergétique, les Allemands le reconnaissent eux-mêmes, leurs deux opérateurs connaissent les plus grandes difficultés... J'ai vendu notre filiale allemande pour 7 milliards d'euros, elle ne vaut pratiquement plus rien...

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