Au-delà du travail prospectif, que je trouve passionnant, je voudrais revenir sur le fonctionnement de la délégation et, par voie de conséquence, sur celui du Sénat. Très franchement, il est temps de remettre à plat l'organisation du travail parlementaire, car qui peut être à trois ou quatre endroits en même temps ? Je ne suis pas persuadé que l'accumulation des semaines réservées au contrôle et aux groupes politiques soit si utile que cela. Pour les séances de questions cribles thématiques, il est même parfois difficile de trouver un thème de débat ! Le travail serait plus efficace si les parlementaires étaient systématiquement mis en mesure de pouvoir assister aux réunions de commissions et de délégations.
Par ailleurs, il est absolument indispensable d'assurer le suivi des rapports. C'est ce que j'ai commencé à faire avec le rapport sur la pauvreté. J'ai rencontré au mois de mai Mme Neuville, secrétaire d'État chargé des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion. J'ai présenté le rapport la semaine dernière devant le CNLE, le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, présidé par Étienne Pinte, que la délégation avait auditionné. Je ferai de même cette après-midi devant la commission des affaires sociales.
Il faut nous accrocher telle une moule à son rocher pour défendre nos préconisations dès lors qu'elles ont été adoptées par l'ensemble de la délégation à la prospective. Sinon le risque est grand de les voir rester lettre morte.
Certes, dans le cadre d'une démarche prospective, nous n'avons pas toujours à entrer dans le détail. Mais il nous arrive de formuler des préconisations ou d'ouvrir des perspectives suffisamment précises pour qu'elles puissent être mises en oeuvre à brève échéance. D'où l'intérêt de pouvoir faire un point d'étape quelque six mois après l'adoption du rapport par la délégation.
Les rapports que nous élaborons doivent à un moment donné trouver une traduction législative, faute de quoi ils n'auront pas servi à grand-chose. Nous ne pouvons pas nous cantonner à un simple rôle de lanceurs d'alerte.
Voilà l'état de ma réflexion après ces trois années passées à la délégation à la prospective, qui, j'y insiste, ont été fort intéressantes. Les auditions organisées sur des thèmes extrêmement vastes ont été pour nous riches d'enseignements.