Intervention de Jean Puech

Réunion du 1er février 2005 à 16h00
Spectacle vivant — Débat sur une déclaration du gouvernement

Photo de Jean PuechJean Puech :

Les collectivités locales sont les premiers financeurs de la culture en France. Elles construisent des équipements, elles aident la création, elles aident l'organisation de spectacles, elles accompagnent la mise en valeur des monuments. Elles ont donc, tout naturellement, de par leur pratique quotidienne, des réflexions à vous soumettre, monsieur le ministre.

La culture, c'est ce sentiment d'identité auquel nous sommes tous si attachés parce qu'il est un pilier de notre société.

La culture, c'est l'expression d'une identité à la fois une et multiple, forte de ses différences, forte de sa capacité à débattre, forte aussi de ses contradictions parfois.

Personne n'a le droit de s'approprier la culture. Cette tentation est encore assez courante. C'est la raison pour laquelle il ne faut jamais cesser de rappeler des vérités qui peuvent déranger quelques cénacles de spécialistes.

La culture, c'est l'affaire de tous ! Il n'existe ni petits ni grands dans cet espace de liberté, comme il n'y a ni grand ni petit patrimoine dans cette France où se juxtaposent, avec un bonheur que nous envie la planète entière, le château de Versailles et une chapelle romane blottie dans un repli de nos campagnes, le Mont-Saint-Michel et les terrasses qui grimpent à l'assaut de nos collines du sud.

La culture est riche de femmes et d'hommes qui s'y engagent comme professionnels du spectacle, comme simples amateurs, le temps d'un été, ou comme formateurs ou autre.

La culture, c'est toute cette animation, cette création. C'est notre richesse commune, composée de tous ces talents dans les domaines les plus divers : le théâtre, le cinéma, l'audiovisuel.

L'occasion m'en étant donnée aujourd'hui, je rappellerai, monsieur le ministre, ce qu'entreprennent les territoires de nos provinces, des départements que je pense bien connaître. Je citerai un exemple, qui, je le crois, illustre le rôle essentiel des initiatives des collectivités locales dans l'émergence de la création culturelle vivante.

Dans le département dont je suis l'élu, une école nationale de musique a été créée voila bientôt dix-sept ans, sur l'initiative du conseil général, dans le cadre d'une charte culturelle signée avec l'Etat. Le ministre de la culture de l'époque, vous le connaissez bien, était François Léotard.

Cette école, organisée de façon décentralisée, est présente à travers quinze antennes éclatées sur l'ensemble des territoires aveyronnais. Aujourd'hui, avec plus de 1 500 élèves et 80 professeurs, refusant tout élitisme, elle est devenue une référence en matière de musique de qualité, dans toutes ses composantes. Cette école nationale de musique est également partie prenante de la vie locale. Elle produit dans tout le département des concerts qui connaissent un grand succès populaire.

Cette école a constitué un orchestre symphonique, un choeur. Elle mène une expérience de musique à l'école qui permet d'initier des enfants à partir du cours préparatoire. De plus en plus de musiciens issus de ses rangs poursuivent une carrière remarquée.

La culture, c'est un tout : c'est du spectacle, mais aussi un patrimoine. C'est tout simplement, et de plus en plus, un atout de développement économique, au service de l'équilibre de nos territoires. Je puis en témoigner.

La culture est au coeur de ce dispositif riche en activités de tous ordres générées par les spectateurs de nos festivals, les visiteurs de nos monuments et les touristes. La restauration de nos monuments offre aux professionnels du bâtiment des chantiers à la hauteur de leurs compétences. Leur talent est reconnu. C'est le talent des artisans, celui des Compagnons qui bâtissent, qui re-bâtissent le patrimoine architectural français en permettant, par la même occasion, la valorisation de leur savoir-faire et la formation des jeunes générations. L'artisanat en sort gagnant tandis que renaît notre patrimoine.

Ce patrimoine est pensé, et toute cette activité, toute cette animation, tout cet engagement, s'inscrit comme une action culturelle majeure. Ce mouvement, c'est de l'emploi et de l'animation.

La culture, ainsi pensée dans sa globalité, joue un rôle essentiel pour l'attractivité de nos communes et de nos départements ruraux. Elle participe plus sûrement à l'aménagement du territoire, j'insiste sur ce point, que certaines grandes idées qui nous sont régulièrement assénées.

Le rapport Guillot a permis de mieux prendre conscience du poids économique du spectacle vivant. C'est une bonne chose.

Les réponses que vous apporterez, monsieur le ministre, aux questions qui sont posées dans ce rapport et aux propositions qui y sont faites devront permettre de franchir une nouvelle étape. Mais veillons à ne pas saucissonner la culture : d'un côté le spectacle vivant, de l'autre, le patrimoine ! Veillons à ne pas cantonner le patrimoine à de belles pierres !

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