De ce point de vue, je fonde de véritables espoirs dans les contacts que j'ai récemment eus avec le nouveau président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Il est véritablement résolu, me semble-t-il, à faire de la culture une priorité stratégique pour l'Europe.
Michel Thiollière, avec raison, accorde une importance majeure au rôle des télévisions publiques dans la diffusion du spectacle vivant, tant par le biais de l'information que par la promotion de toutes les formes d'expression culturelle et artistique. Nous agissons aussi dans ce domaine. On peut toujours nous reprocher de parler, d'être habiles et de ne pas agir. La nuit de la chanson française, qui, le soir de sa diffusion, a battu de douze points d'autres chaînes traditionnellement concurrentes du service public, n'est pas née du hasard. C'est moi-même qui ai demandé qu'elle soit organisée et qui ai veillé à son financement. Je crois en la multiplication de ce genre d'initiatives.
Je fonde de grands espoirs dans la nouvelle chaîne France 4, ex-Festival, qui sera accessible grâce à la télévision numérique terrestre, dans la diffusion vingt-quatre heures sur vingt-quatre de France 5, d'Arte, etc. Je souhaite que l'on puisse avancer, parce c'est très important. Je rendrai publique chaque trimestre - les modalités sont en voie d'être définies - la manière dont les sujets culturels sont traités dans l'ensemble des journaux d'information télévisés. Il s'ensuivra une véritable émulation, et nous verrons quelle chaîne sera gagnante. Vous me demanderez sans doute de définir ce qu'est un sujet culturel. Même si cela peut être très complexe, nous trouverons le moyen de le définir, car je crois que culture et communication doivent aller de pair.
J'en viens aux propos qu'ont tenus un certain nombre d'orateurs de l'opposition. Ils sont évidemment libres d'exprimer le fond de leur conviction ainsi que leurs désaccords. Nous sommes en démocratie. Peut-être les chiffres n'ont-ils pas été suffisamment diffusés ; aussi, sachez que 4, 5 millions d'euros ont été dépensés en 2004 à travers le fonds spécifique provisoire pour les professionnels du spectacle vivant, du cinéma et de l'audiovisuel. Je n'ai jamais fixé d'objectif quantitatif définitif. Nous souhaitons que les artistes et les techniciens bénéficient des mesures qui ont été prises en leur faveur, en fonction de critères donnés. L'Etat fait face à ses responsabilités.
Vous souhaitez que le protocole soit abrogé avant la négociation. Certes, c'est une possibilité ; mais alors quelle sera la situation pendant la période de négociation ? Je souhaite pour ma part que, dans l'attente d'un système définitif, pérenne et équitable, artistes et techniciens soient indemnisés sur des bases claires. L'Etat prend à sa charge le financement de ces mesures.
L'on nous parle du désengagement de l'Etat, d'un budget en baisse, etc. Nous sommes habitués ! Cela figure dans tous les propos qui sont tenus en permanence, tant sur le patrimoine que sur le spectacle vivant ! Je demande des preuves. Mais il est inutile que je les attende dans la mesure où elles n'existent pas ! Cela fait partie du débat politique.
En revanche, vous avez raison de souligner la nécessité d'étudier les chiffres et les réalités. C'est très important. Je souhaite que se mette en place dans chaque région une sorte d'observatoire de la réalité des politiques culturelles, des chiffres et des statistiques, pour permettre ensuite d'utiles négociations.
En ce qui concerne la directive « services », nous sommes à la manoeuvre. Le Président de la République lui-même s'est exprimé. La culture et les biens culturels ne sont pas des marchandises comme les autres, et nous cherchons à le faire savoir au niveau européen.
J'en viens aux propos tenus par Jean-Claude Gaudin. Je serai effectivement demain dans sa ville. Depuis neuf mois, je me suis rendu dans cinquante-quatre départements différents et ai effectué plus de cent déplacements. Un certain nombre de départements ou de régions ont plus d'activités ou de festivals que d'autres. J'essaie ensuite de me faire le propagateur ou le défenseur résolu d'un certain nombre d'artistes que j'ai eu la chance d'admirer.
Ainsi, à ce jour, deux projets à destination notamment de nos concitoyens les plus jeunes me semblent particulièrement importants. En effet, certains spectacles permettent l'éveil aux réalités ou la prise de conscience face aux drames du passé. Je dis cela à quelques jours de la commémoration de la libération des camps. Or deux spectacles extraordinaires - Nathan le sage et Kaddish pour un enfant qui ne naîtra pas - traitent de la déportation, de la guerre, de la barbarie, du nazisme. Je souhaite qu'ils soient captés pour être par la suite diffusés dans les écoles. Le travail des artistes peut en effet conduire à une prise de conscience politique, parfois nécessaire.
Pierre Laffitte, comme à son habitude, a insisté à juste raison sur ce que la technologie et la science peuvent apporter au spectacle vivant. Effectivement, certaines formes d'expression artistique sont liées à la capacité, à l'expertise et à la culture scientifique. Il a raison de le rappeler, avec sa flamme habituelle.
Marcel Vidal parle du désengagement de l'Etat, notamment en ce qui concerne les monuments historiques. Ce n'est pas le débat qui nous occupe aujourd'hui. Sincèrement, ce désengagement n'est pas avéré. Pour autant, la situation n'est pas facile. Je souhaite trouver des moyens supplémentaires pour le patrimoine, car nous sommes confrontés à des situations urgentes. Y faire face est évidemment très difficile.
En ce qui concerne les marches du festival et les marches tout court, il faut reconnaître, cher Yann Gaillard, que nous n'en aurons jamais fini. Plus on avance, plus on mesure la complexité des situations que nous devons régler, en raison de leur extrême diversité. Paradoxalement, un certain nombre d'artistes ou de compagnies s'opposent à la transformation d'emplois précaires en emplois permanents, considérant que leur forme d'expression artistique est liée à tel ou tel système, et refusent de ce fait tout contrôle. L'on me reproche alors de vouloir « bousiller » le court-métrage en France - c'est de cela qu'il s'agit. Il faut faire preuve de finesse tout en édictant quelques principes forts. J'espère en tout cas que les voeux que vous avez formulés seront exaucés.
Marie-Christine Blandin, je voudrais revenir d'un mot sur ce que vous avez dit du transfert à Lens d'une antenne du Louvre. C''est un comble ! Le choix de cette implantation est légitime. En effet, nous avons voulu tourner la page de la crise industrielle et en effacer les cicatrices dans une ville qui avait été particulièrement marquée. Au-delà de ce choix positif, il faut aussi saluer l'intelligence dont la majorité présidentielle a fait preuve - j'espère que chacun aurait agi de la sorte - en décidant de ne pas attribuer ce joyau à l'une des deux villes dirigées par un ministre du Gouvernement ; Valenciennes et Amiens présentaient en effet toutes deux un magnifique projet. Chacun avait toutes les clés en main. La région a pris ses responsabilités. Une convention liant cette dernière, les collectivités territoriales et l'Etat sera très prochainement signée. Ne donnez pas à penser que vous renoncez à ces engagements, sinon l'Etat ne signera pas la convention. Tout a été clair depuis le début. Il ne faut donc pas qu'il y ait de double jeu sur cette question. Si la donne devait changer, cela remettrait en cause la décision de l'Etat, ce que je ne souhaite pas.