Intervention de Anne Brucy

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 8 juillet 2014 : 1ère réunion
Rapport relatif à l'avenir régional de france 3 — Audition de Mme Anne Brucy

Anne Brucy, auteur du rapport sur l' « avenir de l'offre régionale et locale de France 3 » :

Le modèle allemand a été évoqué comme une évolution possible pour France 3 et il fait l'objet de quelques développements dans notre rapport. Ce modèle peut s'appuyer sur la structure fédérale de l'Allemagne, qui permet des types de financement inenvisageables en France : le budget d'une chaîne régionale de Land est en effet comparable au budget total de France 3. La chaîne a son modèle propre, construit au terme d'une histoire spécifique et ne doit pas viser le modèle allemand. À l'inverse, notre système de décrochage, qui permet une présence importante des régions en audience nationale, a été reprise partout en Europe ; à un point el que l'on peut parler d'harmonie européenne.

S'agissant de la création, des engagements ont été signés en matière de documentaires produits en régions. Cela étant, la réforme consistant à faire passer de 13 à 24 le nombre de commanditaires de documentaires a conduit à la diminution du montant de l'engagement moyen à 8 000 euros par documentaire, ce qui n'est pas suffisant pour réaliser des oeuvres de qualité. Par ailleurs, il faut définir une ligne éditoriale cohérente répondant aux attentes des téléspectateurs régionaux et nationaux.

Pour autant, le succès de la série « Plus belle la vie » montre que France 3 a la capacité de produire en région des émissions diffusées au niveau national. M6 diffuse actuellement « La plus belle région de France », une émission qui aurait pu être produite par France 3, la chaîne étant en mesure d'éviter les clichés folkloriques ou quelque peu condescendants, et de mettre en lumière le dynamisme et la modernité des régions.

Une mobilité minimale des personnels permanents me semble nécessaire pour éviter les habitudes et les routines, voire les connivences. Par ailleurs, une négociation est en cours afin de diminuer l'appel aux intermittents, dont la part dans l'emploi total au sein de la chaîne a déjà été réduit de 17 % à 12,5 %.

Je suis bien évidemment favorable à la diffusion des émissions régionales en haute définition, mais cela implique un choix politique fort assorti des efforts financiers nécessaires.

Sur le plan des programmes, il est clair que les téléspectateurs sont attachés à la double dimension de France 3, à son ancrage à la fois national et régional, à l'inverse du modèle préconisé par Stéphane Travert. Même si, notamment pour des raisons de coûts, France 3 ne peut disposer d'autant d'antennes que France Bleu, il est possible de s'inspirer progressivement ce qui a été fait sur ce réseau de radio, tout en évitant l'éparpillement. Pour cela, il faut changer la manière de concevoir le régional, en travaillant sur la programmation, afin que France 3 rencontre mieux ses publics. De même, l'offre d'information peut s'élargir ; le pôle nord-est a réussi à le faire. Il est tout à fait possible d'étendre cette bonne pratique.

Sur la situation des personnels, nombre de rapports ont été établis, notamment ceux de Proxima et de TNR, toujours intéressants et parfois excessifs. D'autres ont mis en avant la succession des dirigeants comme obstacle à toute évolution. L'ambition est là, mais elle doit être réaliste et nous devons mettre les choses au net avant d'avancer.

- Coprésidence de Mme Marie-Christine Blandin, présidente, et de M. David Assouline, président de la commission sénatoriale pour le contrôle de l'application des lois -

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