N'étant pour l'instant que candidat au poste de directeur général de l'INCa, je n'ai pas une réponse précise à toutes les questions qui m'ont été posées et je ne suis pas expert sur chacun des sujets évoqués mais je vais tenter de répondre dans la mesure du possible.
Je n'ai pas connaissance, pour répondre à Madame Debré, d'études précises sur la mise en oeuvre de la convention Aeras (s'assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé). D'après les premières remontées, elle ne serait pas forcément appliquée à la lettre. C'est donc l'un des chantiers du troisième plan cancer : rediscuter la convention et instaurer un véritable droit à l'oubli, pour que les anciens patients puissent bénéficier du financement recherché sans exigence supplémentaire par rapport à toute autre personne. Grâce à ce principe, la convention Aeras trouvera une pleine application.
Concernant la prise en charge des enfants, 10 % des financements de l'INCa sont consacrés aux cancers pédiatriques. Avec 1 700 cas par an, ceux-ci représentent entre 1 et 2 % de l'ensemble des cancers dépistés. Dans la vision intégrée que doit développer l'INCa, il faut travailler sur l'accompagnement psychologique des enfants et des familles. Des organisations interrégionales ont été mises en place, sont présentes sur l'ensemble du territoire et sont les mieux à même de traiter ces questions. Il faut conserver, au niveau national, un rôle d'animation de ce réseau.
Monsieur Barbier, le positionnement de l'INCa, ainsi que ses processus de travail, doivent avoir pour objectif de stimuler l'innovation. Il l'a fait en mettant en place des centres d'essais précoces, pour les adultes et bientôt en pédiatrie. C'est dans le cadre d'un processus d'appel à projets, marqué par la neutralité et la recherche de l'efficience de la dépense, que doivent s'inscrire les rapports entre l'INCa et les laboratoires. Quant aux relations avec la HAS, bien que je n'en sois encore un spécialiste, elles doivent permettre un fonctionnement routinier et l'articulation des positions des deux instances. La HAS est dans son rôle lorsqu'elle émet des recommandations, et l'INCa n'a pas à s'y substituer.
Madame Procaccia, je n'ai pas d'analyse particulière sur les systèmes d'information des établissements hospitaliers. Je faisais référence à ceux des structures spécialisées en matière de cancérologie, les réseaux régionaux de cancérologie et les structures de gestion. Il faut développer leur interopérabilité alors que la structuration actuelle compartimente les informations : chacun des acteurs dispose d'un système d'information et de données qui lui sont propres mais ne sont pas partagés. Une remise à plat est nécessaire pour améliorer l'efficacité des politiques publiques que conduit l'INCa. Sur l'implantation du siège de l'INCa, je n'ai en revanche pas de réponse à votre interrogation.
Les inégalités territoriales et sociales de santé peuvent se croiser selon les régions et font varier les délais entre le diagnostic et le premier rendez-vous, voire même la bonne prise en charge. Les réduire est un chantier sur lequel l'INCa travaille, en lien avec les réseaux régionaux de cancérologie et, surtout, la médecine de ville. La prise en charge et l'orientation vers les bonnes structures sont des sujets sur lesquels il faut mobiliser les professionnels de santé. C'est une priorité, aussi bien au niveau national que pour les agences régionales de santé, qui sont les acteurs de proximité les plus à même de surveiller l'évolution de ces délais.
La coordination des associations, la mise en cohérence de leurs actions est un enjeu local plus que national : il faut développer leurs liens avec les réseaux spécialisés.
En ce qui concerne le tabac, la question de l'évolution du prix n'a effectivement pas été tranchée. Un travail sur la fin de vie doit être mené, notamment pour les patients en soins de suite et de réadaptation ou les personnes vivant en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes.
Pour répondre à Monsieur Watrin, la réinsertion professionnelle des personnes atteintes d'un cancer doit être davantage étudiée par l'INCa, qui à ma connaissance n'y a pas suffisamment travaillé jusqu'à présent. Les sujets sont connus : les discriminations d'un côté, l'organisation et l'aménagement du travail des patients pour les maintenir dans l'emploi de l'autre. Une discussion avec les partenaires sociaux est nécessaire, mais ces problématiques ne sont pas nouvelles. Il faudrait également s'inspirer des initiatives prises par certaines entreprises pionnières en la matière et envisager, sur ces bases, des expérimentations plus larges.