Intervention de Aymeri de Montesquiou

Réunion du 15 juillet 2014 à 14h30
Orientation des finances publiques et règlement du budget de l'année 2013 — Débat et discussion puis rejet d'un projet de loi en procédure accélérée

Photo de Aymeri de MontesquiouAymeri de Montesquiou :

Le groupe UDI-UC a toujours soutenu une politique économique volontariste d’assainissement des finances publiques par une forte baisse de la dépense et de libération de l’investissement et de la croissance.

Les 50 milliards d’euros d’économies sur cinq ans que vous annoncez sont-ils une réalité ? Depuis deux ans, nous ne parlons plus la même langue : vous voulez une « maîtrise » des dépenses publiques quand nous prônons leur « réduction ».

Notre pays ne peut pas vivre en consacrant plus de 57 % de son PIB à la dépense publique. C’est une proportion effarante ! De fait, les 43 % de la richesse produite qui sont concédés au secteur privé n’ont pas la force d’entraînement suffisante pour stimuler la croissance indispensable.

Les salaires constituent la part la plus importante des dépenses de fonctionnement. Par conséquent, notre seule option est de baisser non pas les salaires, mais la masse salariale de l’ensemble des services de l’État. La modernisation de la fonction publique est devenue incontournable, car vitale. La Suède, la Belgique, le Canada et la Nouvelle-Zélande, entre autres, l’ont menée à bien ; pourquoi ne pourrions-nous pas en faire autant ?

Notre préoccupation à tous, c’est ce chômage qui frappe tant de Français. L’emploi et, partant, la compétitivité de la France nous obsèdent. Il s’agit de savoir comment nous pouvons gagner une compétition internationale aussi difficile, ne serait-ce qu’avec nos partenaires et concurrents européens, avec lesquels nous réalisons 60 % de notre déficit commercial.

Or comment la France pourrait-elle être compétitive en travaillant moins ? Elle ne peut pas l’être. Il ne peut y avoir de croissance que si nous travaillons autant que les autres pays de l’Union européenne. Alignons-nous donc sur la moyenne des autres pays européens, où les salariés travaillent 2 000 heures de plus que nous dans leur carrière.

La Commission européenne nous enjoint aussi d’aligner le secteur public sur le secteur privé, ce qui entraînerait 12 milliards d’euros d’économies, et de faire sauter le verrou des 35 heures. À cet égard, songeons que nous versons annuellement 22 milliards d’euros pour compenser le passage de 39 heures à 35 heures sans perte de salaire. Pourquoi l’État paie-t-il pour que les Français travaillent moins ? C’est un système totalement incohérent !

La compétitivité, c’est aussi la formation. Or, après avoir supprimé, d’une manière incompréhensible, 500 millions d’euros consacrés à l’apprentissage, alors que 350 000 offres d’emploi ne trouvent pas preneur, vous rétablissez aujourd’hui 200 millions d’euros ! Il faudrait plus de cohérence dans l’utilisation des 3, 7 milliards d’euros que l’État consacre à la formation professionnelle.

Par ailleurs, alors que le bâtiment est un secteur majeur pour l’emploi, la loi du 24 mars 2014 pour l’accès au logement et un urbanisme rénové a eu des conséquences dramatiques. Les permis de construire ont chuté de 20 %, alors que notre politique du logement absorbe près de 40 milliards d’euros, dont 16 milliards d’euros pour les seules aides. Quel gâchis !

Au-delà des réformes de bon sens que je viens de prôner, il faut avoir à l’esprit que l’emploi est le fruit de l’investissement. Or, pour qu’il y ait investissement, il faut qu’il y ait confiance.

Monsieur le ministre, votre nouvelle politique peut contribuer à en créer les conditions. Pour cela, affirmez votre conversion à la social-démocratie, comme l’ont fait tant de pays développés, en mettant en place une politique différente de celle qui a été menée au cours des deux premières années du quinquennat. Pourquoi vouloir prouver que vous aviez raison d’avoir tort ? C’est en adoptant une position claire que vous pourrez restaurer la confiance, sans laquelle rien ne pourra se faire ; alors qu’elle est essentielle, elle a, hélas ! trop souvent disparu de notre pays.

Aujourd’hui, l’investissement est quasiment réduit à une variable d’ajustement, en raison du coût du fonctionnement de l’État et des charges des entreprises.

Notre fiscalité doit constituer un outil, et non un frein à notre compétitivité. C’est pourquoi vous devez diligenter un audit sur le rendement des impôts et sur leurs conséquences parfois négatives pour l’économie. Je pense, entre autres, à l’impôt ringard qu’est l’impôt de solidarité sur la fortune, l’ISF, auquel, je le rappelle, tous les pays développés ont renoncé. Et la taxe confiscatoire de 75 %, qui touche peu de contribuables, rapportée à son impact symbolique répulsif, induit des effets nationaux et internationaux désastreux, avec 77 % d’investissements étrangers en moins et une véritable incitation à l’exil des jeunes diplômés, des cadres et des entrepreneurs. Il est temps de réaliser que, dans une économie mondialisée, l’impôt ne saurait sanctionner le travail et le talent !

Notre système fiscal décourage, alors qu’il devrait être juste et incitatif pour tous. De surcroît, avec 46 % du PIB de prélèvements obligatoires, nous avons dépassé les sommets du « tout fiscal ». Aujourd’hui, les Français ont conscience que notre système fiscal, issu d’un empilement d’impôts et non d’une stratégie, est devenu caduc. Ils veulent savoir comment sont optimisés les prélèvements qu’ils subissent.

L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair avait très justement affirmé : « La gestion de l’économie n’est ni de gauche ni de droite. Elle est bonne ou mauvaise. Ce qui compte, c’est ce qui marche. »

Lors de la campagne pour les primaires socialistes de 2011, le candidat Manuel Valls avait eu la prémonition, l’aplomb et même le panache de prendre le contre-pied des dogmes socialistes en défendant des positions audacieuses et courageuses. Ainsi, il avait prôné la remise en cause des 35 heures, ainsi que celle de l’ISF.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion