Devant tant d'opportunités, nous avons souhaité être très opérationnels et pragmatiques. Le rapport propose une « feuille de route » concrète pour relancer la relation avec l'Asie du Sud-Est, à mettre en oeuvre en 6 mois, 1 an ou 2 ans, suivant les mesures. Nous avons voulu produire un document politique, pour action, qu'avec votre accord nous enverrons tant au gouvernement qu'au nouveau représentant spécial pour l'ASEAN, désigné ces jours-ci, Philippe Varin. Vous retrouverez ces mesures dans le document de « 4 pages » qui sera diffusé, si vous l'approuvez, en français et en anglais.
Feuille de route : À 6 mois
. Adhérer à ReCAAP, organisme de lutte contre la piraterie dans le sud-est asiatique, en réglant de façon pragmatique la question de la traduction en langue française. L'intérêt de cette adhésion à ReCAPP est de contrebalancer à moindre coût la relative faiblesse de notre présence navale dans une région essentielle à nos intérêts économiques et maritimes et de favoriser la mise en oeuvre d'une stratégie d'influence dans les réseaux asiatiques. Seulement, alors que nous avons demandé et obtenu l'autorisation d'adhésion, une interprétation restrictive -par nos propres services juridiques !- de l'obligation d'emploi de la langue française nous fait tergiverser depuis des mois. Ce n'est pas très crédible. Il faut régler cette question.
. À 6 mois, encore, lancer un audit global des différents programmes de personnalités d'avenir pour l'Asie du Sud Est, dans une logique d'influence, et d'animation d'un véritable réseau ;
. Définir une feuille de route au Représentant spécial « ASEAN » avec l'Indonésie en priorité n°1, et mettre en place une équipe (ou « task force ») interministérielle (défense économie affaires étrangères) pour bâtir une stratégie globale « ASEAN communauté 2015 » pour répondre, par une offre commerciale adaptée, au besoin de « connectivité », en incluant un volet « portage des PME » ;
. Au plan international, dans les 6 mois, proposer un événement (« un Sommet ? ») sur la sécurité maritime ou la liberté de circulation en mer.
Les actions à mener à horizon de 1 an :
. Proposer à la Malaisie la conclusion d'un partenariat stratégique. Nous sommes frappés que cela n'ait pas encore été le cas, alors que nous avons avec ce pays des relations très denses ; à notre avis le ministre de la défense doit s'y rendre dans l'année, compte tenu des enjeux pour les exportations d'armement ;
. Maintenir le rythme des visites officielles en prévoyant une visite du Président de la République aux Philippines, c'est prévu, voire au Vietnam, c'était promis et, une fois le nouveau président élu, à notre avis en Indonésie, surtout ;
. Pérenniser la présence française au dialogue du Shangri-La de Singapour (ministre, voire, pourquoi pas, délégation parlementaire ?) ;
. Relancer la signature -un peu enlisée- du protocole sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du sud-est, car ces pays sont nos alliés sur ces questions, comme d'ailleurs sur les négociations « climat » ;
. Renforcer la coopération de défense en visant un pourcentage de 15% à 20% dévolus à l'Asie du Sud-Est, répondre positivement à la demande d'un professeur de Français auprès du centre militaire des langues indonésien, et aux demandes complémentaires de formation de la sous-marinade malaisienne ;
. Garder notre officier inséré au sein du centre « IFC » de Singapour, centre de fusion de l'information sur la sécurité maritime qui nous permet d'être présents, connus et reconnus et de développer peu à peu notre influence.
Les actions à mener à un horizon de 2 ans :
. Il nous semble qu'il nous faut avoir un diplomate à plein temps auprès de l'ASEAN, et poursuivre le très lent rééquilibrage de nos moyens diplomatiques et visas vers l'Asie, en ciblant plus spécialement l'Indonésie ;
. Accentuer la place de l'Asie du Sud-Est dans les programmes d'escales des bâtiments français de premier rang, avec des escales prestigieuses de la Marine Nationale (pourquoi pas un sous-marin nucléaire d'attaque, ou à nouveau un BPC ?) ;
. Pour les visas : appliquer la même priorité à l'ASEAN que pour les « touristes chinois », car ils ont le même potentiel de dépense ;
. Appuyer, enfin, le rôle international positif notamment de la Malaisie et de l'Indonésie (candidats au Conseil de sécurité).
Nous espérons participer à la prise de conscience de « l'impératif asiatique » : les enjeux sont importants.