Intervention de Antoine Lefèvre

Réunion du 22 juillet 2014 à 9h30
Questions orales — Réflexions engagées par les urssaf

Photo de Antoine LefèvreAntoine Lefèvre :

Madame la présidente, je souhaite appeler l’attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la question du pouvoir d’appréciation des commissions de recours amiable d’URSSAF.

En effet, l’URSSAF connaît de plus en plus de dossiers qui concernent l’interprétation de la législation, avec de lourdes pénalités, et interpelle ces commissions dans leur rôle amiable. La Picardie, région que vous connaissez par ailleurs fort bien, madame la secrétaire d’État, dans le contexte économique et social national dégradé que nous subissons, se singularise par un tissu économique de petites et moyennes entreprises en très grande souffrance.

Or, dans de nombreux dossiers, notamment de négociation annuelle obligatoire, les NAO, ou de mise en place d’un plan senior, les textes prévoient des dispositifs « couperets » pour constater la présence ou l’absence de négociation ou de plan.

Dans un contexte de complexification constante de la législation, ces textes ne prévoient aucune marge d’appréciation, ni de la situation économique des entreprises, ni de la bonne foi des cotisants.

Or d’autres administrations, notamment l’administration fiscale ou les directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, les DIRECCTE, disposent d’un pouvoir d’appréciation, comme cela est prévu, par exemple, dans la circulaire ministérielle du 28 octobre 2011 relative à la mise en œuvre du dispositif de pénalité financière en matière d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Je sais, madame la secrétaire d’État, que vous êtes particulièrement sensible à cette question.

Cette circulaire précise : « si l’inspecteur ou le contrôleur du travail estime, à la lumière des documents transmis, … » et un peu plus loin « la décision ou non d’appliquer la pénalité appartient en l’espèce au DIRECCTE, qui ne peut déléguer son pouvoir d’appréciation ou de notification ».

Eh bien, ce pouvoir d’appréciation n’est pas reconnu aux URSSAF.

À cet égard, permettez-moi de rappeler le difficile dossier, il y a quelques années, des cotisations des associations, en particulier des centres communaux d’action sociale, les CCAS, des petites communes, pour qui l’interprétation des textes était floue. Ces CCAS se sont vus dans l’obligation d’effectuer des reversements de cotisations sur plusieurs années, avec pénalités, dont les montants avaient mis en cause leur pérennité, alors que l’utilité de ces services est unanimement reconnue.

Aussi, et afin de maintenir l’acceptation du prélèvement social, mais surtout d’assurer la sauvegarde des emplois menacés par ces lourdes pénalités et donc des cotisations futures correspondant à ces emplois, le conseil d’administration de ces URSSAF souhaiterait une modification de la législation. Il aimerait que soit confié à la commission de recours amiable un pouvoir d’appréciation identique à celui dont disposent notamment les administrations que j’ai précédemment citées.

À l’heure où l’objectif partagé par l’ensemble des acteurs est bien de promouvoir l’emploi, l’idée serait de laisser aux administrations, dans des conditions à définir, et moyennant un encadrement à prévoir, la possibilité d’accorder aux entreprises, selon les cas, un délai de mise en conformité avec la législation et une modulation, voire une suppression, des pénalités afin de tenir compte de la situation réelle des entreprises.

Je vous remercie, madame la secrétaire d’État, de bien vouloir m’indiquer si le Gouvernement peut être réceptif à de telles propositions.

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