Il ne peut y avoir de solution exclusivement militaire, avez-vous dit ; mais n'est-ce pas, en définitive, la politique qui a consisté à faire fi des États-nations - si fragiles soient-ils dans cette région - qui est en cause ? Ne faudrait-il pas reconstruire un Irak digne de ce nom, où les sunnites trouveraient leur place, et reconsidérer l'idée que la Syrie serait un État voué à la dislocation ? Certains ont évoqué l'influence de l'Iran, d'autres des financements en provenance du Qatar ou de l'Arabie Saoudite : il y a de quoi s'interroger sur la politique que nous menons dans la région - et cela depuis probablement bien plus de dix ans, monsieur Loncle ! L'idée, largement développée dans la presse - notamment dans un récent article de Gaïdz Minassian publié dans Le Monde, intitulé « Le monde est désarmé face aux sociétés guerrières » -, selon laquelle l'État-nation a fait son temps, est absurde. Continuer à décrédibiliser l'État-nation en niant la légitimité des pouvoirs établis, quels qu'ils soient, n'est pas la bonne politique. Bagdad et Damas n'étaient-elles pas les grandes capitales du monde musulman ? Il faudrait réviser en profondeur notre concept stratégique !