Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, un péril mortel s’étend au Moyen-Orient. La stabilité de la région et, au-delà, la sécurité du monde sont menacées par le groupe terroriste Daech.
La France est une grande puissance. La France assume ses responsabilités parce qu’elle est membre permanent du Conseil de sécurité, parce que la sécurité de l’Europe est menacée, parce que notre sécurité nationale est en jeu comme elle ne l’a jamais été au cours de ces dernières années.
Le Président de la République a donc décidé d’employer la force en Irak, à la demande expresse des autorités de Bagdad.
Conformément à l’article 35 de la Constitution, lorsque les forces armées sont engagées à l’extérieur, le Gouvernement en informe le Parlement dans les meilleurs délais.
Le Premier ministre a écrit au président de votre assemblée dès que les premières frappes ont été réalisées, c'est-à-dire vendredi dernier, 19 septembre 2014. Il a reçu ce matin, avec Bernard Cazeneuve, Jean-Marie Le Guen et moi-même, ainsi qu’avec les chefs d’état-major des armées et les directeurs des services de renseignement, les présidents des deux assemblées, les présidents des groupes parlementaires et les présidents des commissions de la défense et des affaires étrangères.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je veux d’abord exprimer, à travers la représentation nationale, tout le soutien de la nation aux militaires engagés dans l’opération Chammal.
Le moment est venu, à nouveau, de faire corps derrière les armées françaises, de nous rassembler, de faire preuve d’unité. Je ne doute pas que ce sera le cas.
Grâce notamment au travail, souvent très risqué, des journalistes, les crimes du groupe Daech sont connus de tous : actes de barbarie, massacres de masse, exécution d’otages ; ces terroristes ne connaissent pas de limite à l’horreur, une horreur qu’ils propagent dans le monde entier par le biais d’internet.
Daech, c’est l’acronyme de la terreur. Celui d’un groupe qui prétend établir un califat au cœur du Moyen-Orient, qui n’offre d’autre choix que la conversion forcée ou la mort…
Lutter contre Daech, c’est combattre une organisation dont l’appellation « État islamique » constitue un double mensonge : elle n’a rien d’un État et ne représente en rien l’islam. C’est un rassemblement d’assassins, pour qui la vie humaine est sans valeur. Ce groupe, comme l’ont indiqué les plus hautes autorités de l’islam, est une insulte à cette religion.
Et il représente une triple menace : pour l’Irak, pour le monde et pour la France.
Depuis la chute de Mossoul, en juin dernier, Daech contrôle près du tiers du territoire irakien. Il maîtrise les points de communication et les axes stratégiques. Il a accumulé d’immenses richesses, lui permettant de recruter et de payer des supplétifs venant des quatre coins du monde, y compris d’Europe, y compris de France.
Son trésor de guerre a aussi servi à constituer une vraie armée, composée aujourd'hui de quelque 30 000 combattants, pourvue de près de 150 blindés légers, d’environ 50 chars de combat et de dizaines de missiles antichars. Ces troupes, extrêmement mobiles, pourraient être encore renforcées par l’acquisition de nouveaux matériels.
Aujourd’hui, la stabilité de l’Irak est menacée, l’existence même de ce pays est en danger.
Un nouveau gouvernement s’est mis en place en Irak. Il est maintenant constitué autour de quelques priorités : lutter contre cet ennemi de l’intérieur et tenter de réconcilier les communautés irakiennes, sunnites, chiites et kurdes. Il doit aussi protéger les minorités : les chrétiens d’Irak, les yazidis.
Cette tension entre les différentes communautés qui composent l’Irak est naturellement source d’inquiétudes. Le système politique irakien doit trouver un point d’équilibre, de même qu’il doit construire dans la durée des relations de confiance avec ses voisins, dont l’Iran.