Intervention de Jean-Yves Le Drian

Réunion du 24 septembre 2014 à 15h00
Engagement des forces armées en irak — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Jean-Yves Le Drian :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je voudrais tout d’abord vous remercier de la qualité et de la tonalité générale de ce débat, de vos interventions, ainsi que de la précision de vos questions.

Je reprendrai à mon compte les propos de M. Trillard : la première réponse aux menaces, c’est l’unité nationale.

Votre soutien très large est indispensable à nos armées et à la sécurité de la nation. Je suis donc très heureux de pouvoir en faire le constat en cette heure grave, où nous avons besoin à la fois d’unité et de détermination.

Je vous indique également au début de ce propos, qui sera assez bref, que des dépêches d’agences nous informent, vidéo à l’appui, de la probable décapitation de notre compatriote Hervé Gourdel. Nous vérifions actuellement cette information avant d’affirmer quoi que ce soit, mais tout cela montre bien la barbarie à laquelle nous sommes confrontés.

Ma préoccupation principale, en tant que ministre de la défense, est le risque de connexion des différents théâtres et espaces dans lesquels se manifeste le terrorisme.

Le groupe qui aurait assassiné Hervé Gourdel a pour nom Les soldats du califat en terre d’Algérie. Il est dirigé par Gouri Abdelmalek, lequel est le produit du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, le GSPC, qui a meurtri l’Algérie durant de nombreuses années, et lequel est aussi l’adjoint d’Abdelmalek Drougdal, l’émir d’Al-Qaïda.

Ce nouveau groupe vient de rejoindre Daech, sans doute parce que ce mouvement est plus attractif, sans doute aussi parce qu’il veut montrer la force de son allégeance en capturant nos compatriotes et en mettant éventuellement ses menaces à exécution.

L’émir Drougdal, qui organisait les groupes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique au nord-Mali, est aujourd’hui réfugié en sud-Libye. Il y a là des signes par rapport à la menace globale à laquelle le président Carrère et d’autres intervenants ont fait allusion. Cet exemple montre bien les risques que représente cette menace globale pour la période à venir.

J’observe, par ailleurs, que, au moment où Al-Baghdadi proclamait le califat dans une région située en Irak et en Syrie, Aboubakar Shekau, leader de Boko Haram, instaurait un califat dans une partie de l’Afrique. Voilà comment progressivement des liens, des connexions s’opèrent. Il est essentiel que nous puissions réagir en intervenant comme nous le faisons aujourd'hui dans le cadre de la coalition internationale qui se met en place.

J’observe, également, que l’on évoque souvent les volontaires djihadistes français. Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, a souligné à juste titre, à plusieurs reprises, les mesures devant être adoptées pour à la fois anticiper, suivre et prévenir cette situation. Il a diligenté une enquête très précise sur l’incident survenu hier dont il aura sans doute l’occasion de vous rendre compte. Il a aussi pris des initiatives à l’égard des autorités turques.

Quoi qu’il en soit, au-delà des 365 volontaires français combattant auprès de Daech, 10 000 étrangers sont aujourd'hui volontaires djihadistes en Irak et en Syrie. Ils viennent de Tunisie – d’où l’inquiétude de ce pays –, d’Arabie saoudite, de Tchétchénie, du Caucase, d’Australie, etc. Le souci est donc double : comment endiguer la diffusion d’actes terroristes à l’échelon international et comment éviter la mise en œuvre de connexions entre des groupes terroristes se manifestant sur différents sites ? Si ces groupes nouent des liens entre eux, cela risque d’engendrer une situation extrêmement difficile sur le plan de la sécurité mondiale, et singulièrement de la sécurité de la France et de l’Europe.

Plusieurs d’entre vous, mesdames, messieurs les sénateurs, ont évoqué les fondements juridiques sur lesquels nous basons l’intervention de la France. Il y a d’abord l’appel des autorités irakiennes. Il me semble que Mme Garriaud-Maylam a formulé quelques critiques, mais la référence à l’article 51 de la Charte des Nations unies est tout à fait respectable, …

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