Bien évidemment, plusieurs d’entre vous l’ont souligné, la réponse apportée n’est pas uniquement militaire, laquelle, je l’ai précisé, est bien articulée avec l’action des forces irakiennes et des Peshmergas. Elle est aussi humanitaire. Même si cette dernière est sans doute encore insuffisante, la France en est déjà à sa sixième livraison d’équipements et de soutien humanitaires.
Par ailleurs, il existe une réponse politique et une réponse internationale.
La réponse politique relève de la responsabilité du nouveau Premier ministre, Al-Abadi, dont la volonté est de mettre en œuvre un processus de réconciliation nationale, afin de faire en sorte que l’ensemble des acteurs de la vie politique irakienne retrouvent leur place dans la reconstitution du pays, qu’il s’agisse des chiites, des sunnites, des Kurdes ou des minorités yazidies et chrétiennes. Il en est capable. Aidons-le à poursuivre son œuvre de réconciliation nationale.
Robert Hue a souligné la nécessité de fixer un cadre. La mise en place de celui-ci a déjà commencé, puisque la conférence de Paris a réuni de nombreux acteurs, à la fois pour condamner Daech et pour mettre en œuvre un processus de réconciliation dans l’ensemble de la région. Il faudra sans doute renouveler l’exercice après la clarification militaire, laquelle est nécessaire pour permettre à l’Irak de retrouver sa légitimité.
J’apporterai maintenant quelques précisions sur deux ou trois sujets qui ont été abordés.
Il s’agit véritablement d’un groupe terroriste d’un nouveau type, d’une nouvelle génération, comme M. Trillard l’a souligné, me semble-t-il. M. Hue l’a dit : ses membres veulent réussir là où Ben Laden a échoué. Quel est le plus grand changement ? Avec Ben Laden et Al-Qaïda, nous avions affaire à un terrorisme de réseaux, dont l’objectif était de mener un certain nombre d’actions pour déstabiliser à la fois l’Occident et certains pays arabes. Avec Daech, nous sommes confrontés à un terrorisme qui veut construire à partir d’un territoire, créer des États, retrouver l’Ouma des Abbassides. Ce n’est pas un hasard si son leader a pris pour surnom Abou Bakr Al-Baghdadi : il a voulu montrer cette volonté territoriale, qui s’accompagne par ailleurs de moyens militaires et financiers extrêmement importants.
Des questions ont d’ailleurs été posées sur ces moyens financiers. Daech a d’abord bénéficié du pillage de la banque de Mossoul, mais profite aussi de la contrebande du pétrole. Il est très difficile d’identifier les contrebandiers. Un certain nombre d’entre eux circulent en Turquie ou ailleurs, mais il n’existe à cet égard aucune responsabilité étatique. Il s’agit de circuits parallèles, mais étant donné le niveau du cours du baril, le prix de vente du pétrole produit dans la région de Mossoul défie évidemment toute concurrence, ce qui aiguise un certain nombre d’appétits. Cette question des trafics était soulevée par M. Gattolin.
Veuillez m’excuser, mesdames, messieurs les sénateurs, de passer d’un sujet à l’autre, sans cohérence globale, mais j’essaie de répondre au mieux aux questions que vous avez soulevées.
Pour ce qui concerne la coalition, si la France a défini spécifiquement son autonomie d’appréciation, son autonomie militaire est également préservée. C’est elle qui identifie les frappes et qui, au sein de la coalition, décide de faire ceci et non cela. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé voilà quelques jours, au moment des premières frappes ciblées. Vous avez signalé tout à l’heure, madame Garriaud-Maylam, que j’avais parlé de succès : certes, c’est plutôt mieux que le contraire, …