… mais le surcoût des opérations lancées à partir d’une base prépositionnée est évidemment beaucoup moins élevé, du moins en l’état actuel des choses, que celui d’une opération similaire à celle qui a eu lieu au Mali ou en République centrafricaine.
M. Pozzo di Borgo m’a demandé si la loi de programmation serait sanctuarisée. Oui, elle le sera, cela a été dit à de nombreuses reprises par le Président de la République lui-même. Je peux vous assurer, monsieur le sénateur, que l’ensemble des ressources, y compris les ressources exceptionnelles, seront sanctuarisées dans le projet de loi de finances pour 2015 que je viendrai présenter devant la Haute Assemblée.
J’évoquerai maintenant les livraisons d’armes, sur lesquelles plusieurs orateurs m’ont interrogé.
En Irak, nous livrons des armes sous contrôle des autorités irakiennes légitimes, qui s’assurent elles-mêmes de leur destination. Ces armes sont généralement acheminées au Kurdistan. Pour avoir rencontré le ministre de la défense du Kurdistan la semaine dernière, je puis vous assurer que les Kurdes en sont très satisfaits. Par ailleurs, nous les aidons à les utiliser.
En Syrie, nous passons par des réseaux bien identifiés et nous faisons preuve d’une très grande vigilance, afin d’être sûrs des destinataires. Nous avons, je pense, de bonnes garanties de ce point de vue. Nous souhaitons aider l’Armée syrienne libre à se constituer, car l’une de nos préoccupations, c’est la dispersion de la résistance syrienne depuis plusieurs mois, et encore aujourd'hui.
Enfin, des précisions m’ont été demandées au sujet de la Lybie.
Monsieur Carrère, le chaos règne en Lybie, où l’État est déstructuré. On assiste en outre à une montée des groupes terroristes à la fois sur Tripoli et sur Bengazi. Enfin, il existe au sud une sorte de hub de ressourcement de l’ensemble des groupes de la bande sahélo-saharienne. En tant que ministre de la défense, j’ai alerté la communauté internationale sur les risques que fait courir une telle situation.
Le Président de la République a pris des initiatives au cours de l’Assemblée générale des Nations unies, ou est en train de les prendre. Le Secrétaire général des Nations unies a désigné un Haut Représentant, dont le rôle est de tenter de trouver des solutions politiques afin de sortir de la crise libyenne.
Il faut ainsi faire en sorte que le Parlement, qui est légitime, mais qui ne peut aujourd'hui siéger qu’à Tobrouk, soit reconnu comme le véritable Parlement et qu’il puisse s’établir normalement à Tripoli. La Libye devra ensuite se doter des autorités politiques responsables devant ce parlement, afin de pouvoir engager un processus de clarification et de sécurisation de l’ensemble du pays. C’est une urgence dans le contexte de connexion que j’évoquais au début de mon propos.
Telles sont, mesdames, messieurs les sénateurs, les quelques remarques que je souhaitais faire dans ce contexte lourd et grave.
Pour conclure, je dirai que la France ne doit rien céder s’agissant de sa sécurité – je pense que nous en sommes tous convaincus – et qu’elle doit prendre ses responsabilités. Notre pays a les moyens et la détermination de se défendre, et ce d’autant plus qu’il y a unité nationale sur ce sujet. §