Je suis perplexe parce qu'il existe une réalité qui s'applique à nous tous, c'est le déficit de l'État qui pèse globalement. De même, le texte sur la réforme territoriale qui propose une réorganisation, n'implique pas automatiquement que ce soit la culture qui soit la première touchée. C'est une question de choix politique et de priorités à établir. Il ne faudrait pas qu'on assimile trop rapidement causes et conséquences et que les restrictions budgétaires qui doivent être portées par tous, ne se traduisent pas immédiatement par des coupes sombres dans les dépenses culturelles.
D'autres questions se posent. Ces dernières années, il y a eu un foisonnement d'initiatives culturelles et de création de lieux de culture. Mais ce sont toujours les mêmes qui fréquentent ces lieux. Il n'y a pas suffisamment d'ouvertures et d'élargissement des publics, ce qui pose la question de l'éducation artistique et culturelle. Les pratiques culturelles doivent devenir naturelles ; cela me semble un enjeu essentiel.
Par ailleurs, on entend dire depuis longtemps qu'il n'y a rien de pire que notre millefeuille territorial, que tout le monde se mêle de tout. Pour être plus lisible, il fallait définir des niveaux et désigner des chefs de file. Je ne pense pas qu'il faille assimiler chef de file et normes. Le niveau de l'intercommunalité me semble pertinent, car si les communes portent chacune une ambition culturelle, le niveau de l'intercommunalité permet de donner de la cohérence à un territoire et d'accompagner les communes pour monter en qualité. Une mise en réseau pourrait profiter à tout le monde. Ainsi, la communauté urbaine de Bordeaux a créé un portail numérique commun des bibliothèques et médiathèques. Cette mutualisation a pour objectif d'enrichir l'offre pour les citoyens et permettre à chacun de ne pas se lancer dans des projets démesurés par rapport à la taille de la commune. L'offre culturelle est plus efficiente dans le partage et dans cette mise en commun.