Intervention de Pascale Boistard

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 13 novembre 2014 : 1ère réunion
Audition de Mme Pascale Boistard secrétaire d'état chargée des droits des femmes auprès de la ministre des affaires sociales de la santé et des droits des femmes

Pascale Boistard, auprès de la ministre des Affaires sociales, de la santé et des droits des femmes :

secrétaire d'État chargée des Droits des femmes, auprès de la ministre des Affaires sociales, de la santé et des droits des femmes. - En ce qui concerne la place des femmes dans les conseils d'administration, la loi du 4 août 2014 permet une nouvelle avancée, puisque l'objectif est d'atteindre 40 % de femmes à l'échéance de 2017. Je vous rappelle que les femmes représentent actuellement environ 30 % des conseils d'administration des grands groupes. Nous avons également inscrit dans la loi des formes de sanctions, par le biais d'une restriction de l'accès aux marchés publics pour les entreprises qui ne respectent pas cette exigence. Cette question me tient à coeur, donc, et j'ai récemment remis des prix à des entreprises exemplaires dans ce domaine. Quant au choix des personnes candidates aux conseils d'administration, la loi ne dit rien, même si on peut le regretter. En tout état de cause, nous attirons l'attention des entreprises sur l'intérêt de donner des responsabilités aux femmes dans leurs instances stratégiques. Je crois que les entreprises y sont sensibles car elles sont conscientes de l'importance de ces mesures en termes d'amélioration de leur image.

Sur la question de la traite des êtres humains, nous travaillons bien entendu en transversalité avec les autres ministères, Intérieur et Justice en particulier. Nous sommes bien conscients du développement du phénomène et, parallèlement, de notre devoir de lutter contre ces réseaux mafieux.

J'ai moi-même rencontré des femmes victimes de ces traites : elles subissent des menaces terribles, de même que, dans leurs pays, les membres de leurs familles, ce qui met ces femmes dans des situations extrêmement difficiles. Croyez bien que j'ai la volonté de soutenir les associations qui sont capables de détecter ces situations de traite au plus près du terrain et d'accueillir ces victimes pour les aider à se reconstruire.

Pour répondre à Mme Brigitte Gonthier-Maurin sur la formation des enseignants à l'égalité, je ne peux que confirmer ce que vous a déjà dit Mme Najat Vallaud-Belkacem : la priorité a été donnée à la formation des enseignants, qui disposent désormais de modules obligatoires de formation sur le sujet de l'égalité entre filles et garçons.

S'agissant du numéro d'appel d'urgence le « 39.19 », le 25 novembre sera aussi l'occasion d'apporter des éléments d'information complémentaires sur l'action des associations dont les missions sont liées à ce dispositif. Quant au dispositif en lui-même, nous sommes actuellement liés à la Fédération nationale Solidarité Femmes par une convention pluriannuelle. Face à l'explosion des appels, dont il est difficile de dire si elle traduit une augmentation des violences ou une libération de la parole, nous avons bien noté que l'accès au service avait été élargi. Il nous revient donc de réfléchir à la meilleure façon d'accompagner ces évolutions, notamment par l'amélioration de l'accès aux hébergements d'urgence.

Sur la question du temps partiel, la publication du rapport que vous évoquiez est en cours. La Direction générale du travail au ministère du Travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social s'y emploie, et je me suis exprimée sur ce sujet à l'Assemblée nationale : nous espérons disposer d'éléments à la fin de l'année. Car la mauvaise place de la France en matière d'égalité salariale - encore environ 25 % d'écart de salaires entre les femmes et les hommes, tant dans la sphère privée que publique - tient pour beaucoup aux spécificités de l'emploi féminin, parmi lesquelles la forte proportion d'emplois à temps partiel.

Sur les critères de pénibilité au travail - sujet que nous avons largement débattu lors de l'examen du projet de loi portant réforme des retraites - nous travaillons avec le ministère du Travail sur ce sujet.

Pour répondre à M. Roland Courteau sur les délais de délivrance de l'ordonnance de protection, nous travaillons avec le ministère de la Justice sur ce point. Si la loi du 4 août 2014 a permis de relancer la question des délais de délivrance, n'oublions pas que nous allons passer à la phase de généralisation sur l'ensemble du territoire, y compris en Outre-Mer, du dispositif du téléphone « grand danger », dont le marché public vient d'être clos par le ministère de la Justice.

Concernant les stéréotypes, nous souhaitons agir en transversalité. Bien entendu, c'est dès le plus jeune âge que se construisent les représentations. Cependant, l'État ne dispose pas, comme vous le savez, de tous les leviers d'action sur le choix des manuels scolaires. La détermination du contenu des manuels scolaires relève du Conseil national des programmes, et le choix des manuels revient, en bout de chaîne, aux enseignants, dans les écoles et les lycées. De plus, il nous faut agir à tous les niveaux : les manuels scolaires doivent certes être exemplaires, mais on sait bien que les images véhiculées par les médias sont tout aussi dangereuses et exercent une influence certaine sur les représentations des jeunes. C'est la raison pour laquelle la loi du 4 août 2014 a prévu la mise en place d'une mission de détection des stéréotypes véhiculés dans les médias, au sein du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). C'est Sylvie Pierre-Brossolette qui a été chargée de cette mission, et nous l'appuyons dans ce travail difficile.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion