Ce rapport montre, en s’appuyant sur les études récentes d’éminents scientifiques – ce n’est pas parce que nous sommes ruraux que nous ne les écoutons pas ! –, qu’il existe en France des territoires ruraux, parfois des départements entiers, ayant littéralement disparu de l’écran radar de la République et se trouvant aujourd’hui au seuil de l’effondrement. Ces territoires ruraux « en marge » de la République sont pourtant une partie de l’hinterland indispensable aux métropoles et aux grandes villes.
Cette disparition, cette mise à l’écart résultent à mon sens de trois défauts de notre système républicain : le premier, c’est son organisation autour de la notion de métropole, de grande ville et de capitale régionale ; le deuxième, corollaire du premier, c’est la sacro-sainte loi du chiffre qui terrorise les campagnes ; le troisième, c’est le traitement de la ruralité, qui constitue 80 % du territoire français, comme un seul et même territoire relevant de l’application des mêmes remèdes et des mêmes politiques.
Les acteurs publics que nous sommes considèrent que la métropole, la grande ville, l’agglomération, l’urbain est leur seule planche de salut, la seule organisation capable de faire réussir la France dans l’économie mondialisée qui est la nôtre, parce qu’elle porte les grandes masses, en termes de population, de chiffre d’affaires, et que, par conséquent, elle seule est susceptible d’apporter des solutions massives en matière d’emploi, de revenu, de remèdes à tous les maux de notre société.
Nous considérons de fait tout ce qui est hors zone d’influence des pôles urbains, des métropoles, des grandes agglomérations comme une part secondaire, voire insignifiante, de notre développement économique, et donc de notre organisation territoriale.
Les politiques publiques, calibrées depuis et pour ces grandes zones urbaines, passent totalement à côté des besoins des zones les plus rurales, qui subissent alors une double peine : peu d’habitants, peu de moyens donc peu de services, peu d’infrastructures, peu de commerces, peu de politiques publiques en leur faveur, peu de solutions proposées !
C’est là le deuxième défaut de notre système : la sacralisation du plus fort chiffre. Combien d’usagers au bureau de poste ? Deux cents ? On ferme ! Combien de dossiers, d’euros, de clients ? On réduit, on ferme ! Combien de voyageurs quotidiens sur votre ligne ? Cinquante? Cent ? On supprime des trains ! On suspend les travaux !
Vous n’avez pas d’aéroport, pas de TGV, pas d’autoroute, mais vous avez quatre téléphones portables en poche : un pour chaque opérateur, dans l’espoir d’avoir du réseau !