Intervention de Jacques Mézard

Réunion du 18 novembre 2014 à 14h30
Débat sur le thème « ruralité et hyper-ruralité : restaurer l'égalité républicaine »

Photo de Jacques MézardJacques Mézard :

Hyper-ruralité, territoires à faible démographie : comment inverser la tendance à la création d’espaces sans développement, sans vie ? Ce n’est certainement pas, madame la ministre, en multipliant les colloques, souvent destinés à compenser médiatiquement des annonces toujours plus pénalisantes pour ces départements, tels les projets de réforme territoriale.

Le diagnostic est connu. Ce qui manque, c’est le remède. Une fois ces territoires identifiés, il convient de déterminer, pour chacun d’eux, les handicaps insurmontables par les seuls moyens locaux et ensuite de prendre les mesures adéquates. Pour cela, nous avons besoin d’une vraie volonté politique.

Je vais prendre l’exemple que je connais le mieux, celui du territoire que j’ai l’honneur de représenter ici. Comment voulez-vous faire du développement, en particulier économique, lorsque vous êtes à treize heures de Paris aller-retour par le train, à onze heures par la route, avec un seul vol à l’horaire chaotique par jour, sauf samedis et congés, sachant que nous serons demain la préfecture la plus éloignée d’une métropole régionale à laquelle rien ne nous lie ? Comment attirer et conserver de nouveaux habitants, lorsque les services publics rétrécissent toujours ? Le Gouvernement a annoncé, par la voix du Premier ministre, un renforcement des services de l’État dans nos préfectures, mais continue à nous supprimer, ces dernières semaines encore, gendarmeries et trésoreries. Comment conserver de nouveaux habitants, disais-je, alors que les jeunes sont attirés nombreux par les pôles universitaires importants, que les déserts médicaux s’installent, que les réseaux de téléphonie mobile et internet dysfonctionnent – Alain Bertrand l’a souligné avec humour, mais aussi avec beaucoup de sagesse –, qu’à capital foncier égal nos concitoyens paient cinq à dix fois plus d’impôt local que les Parisiens ? Voilà quelle est la réalité de la République version 2014 ! La responsabilité de cette situation incombe à tous les gouvernements successifs, quelle que soit leur sensibilité.

La définition d’une politique d’aménagement du territoire au niveau de l’État est indispensable pour éviter que la concentration urbaine ne s’aggrave encore, surtout dans les périphéries métropolitaines. C’est avec raison qu’Édith Cresson avait lancé une politique de délocalisation, mais elle a été, hélas, largement brocardée.

L’État a un devoir et une mission : assurer à chaque citoyen, quel que soit son lieu de résidence, un accès le plus proche possible à l’éducation, à la santé, au logement, à l’emploi. Ce n’est plus le cas. Nous attendons non pas la charité, madame la ministre, mais la justice territoriale. Nous attendons du Gouvernement qu’il identifie dans chaque territoire les problèmes les plus cruciaux et planifie leur résolution. Madame la ministre, nous avons confiance en vous pour améliorer la situation : il y a une véritable urgence !

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