Intervention de Jean-Claude Requier

Réunion du 20 novembre 2014 à 15h00
Loi de finances pour 2015 — Suite de la discussion d'un projet de loi

Photo de Jean-Claude RequierJean-Claude Requier :

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, à l’heure d’entamer le débat sur le projet de loi de finances pour 2015, nous mesurons la complexité de la tâche qui échoit au Gouvernement. Il lui revient, en effet, de composer un budget dans un contexte macro-économique international incertain et, je dirais même plus, défavorable.

Que ce contexte soit incertain, tout d’abord, nous le constatons lorsqu’il s’agit d’établir les prévisions de croissance. Les projections réalisées par le Gouvernement dans le présent projet de loi de finances ont en effet alimenté bien des débats, lorsque, au début du mois de novembre dernier, la Commission européenne les révisa à la baisse, de 1 % à 0, 7 %, alors qu’un consensus semblait se dégager chez les observateurs en septembre pour considérer les projections du Gouvernement comme raisonnables ou du moins raisonnablement optimistes.

Ce contexte est défavorable, ensuite, quand nous observons le marasme dans lequel est plongée l’économie mondiale et plus encore l’économie européenne : panne de croissance, panne d’investissement, panne de confiance…

Ces perspectives moroses n’épargnent personne, pas même l’Allemagne, qui, si elle échappe à la récession, connaît un ralentissement indéniable. Cette atonie de la croissance mondiale était au cœur des travaux du dernier G20 à Brisbane.

Dans votre rapport, monsieur le rapporteur général, vous abordez le risque de déflation pour notre pays et pour la zone euro. Vous citez Paul Krugman, qui parle de « japonification » de l’Europe. C’est précisément parce que nous ne voulons pas que notre pays traverse une « décennie perdue », comme en a connu le Japon, que ce budget est crucial.

Alors que nous nous apprêtons à discuter du premier projet de loi de finances depuis le renouvellement sénatorial de septembre dernier, la nouvelle majorité entend mettre à profit ce texte pour avancer ses contre-propositions en matière budgétaire, comme ce fut le cas lors de l’examen de la loi de programmation.

Si nous nous retrouvons, monsieur le rapporteur général, sur les améliorations que vous proposez – je pense notamment aux dispositions relatives aux chambres d’agriculture ou de commerce –, nous nous opposons à certains des remèdes que vous préconisez.

La lutte contre les déficits est indispensable au regard de nos engagements européens, mais, surtout, afin d’assainir nos finances publiques et de réduire la charge de la dette. Toutefois, elle ne doit pas reposer sur un effort structurel trop important qui obérerait toute perspective de retour de la croissance en « tuant » la demande intérieure. En d’autres termes, il ne faut pas que le médicament administré tue le patient avant de le guérir !

Monsieur le ministre, vous tentez dans votre projet de concilier soutien aux entreprises et soutien à la consommation, tout en poursuivant l’objectif de redressement des comptes publics. Vous adaptez néanmoins ce dernier au contexte macroéconomique particulièrement défavorable que je viens d’évoquer. Ainsi, vous estimez le déficit public pour 2015 à 4, 3 % du PIB.

Vous faites vôtre la citation de William Arthur Ward, poète américain bien connu pour ses maximes : « Le pessimiste se plaint du vent, l’optimiste espère qu’il va changer et le réaliste ajuste ses voiles. »

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion