Madame la présidente – je suis heureux de vous saluer dans les fonctions qui sont aujourd'hui les vôtres –, mesdames, messieurs les sénateurs, je vous prie, tout d'abord, de bien vouloir excuser mon absence de ce matin. Le conseil des ministres ayant, de manière inhabituelle, été fixé au jeudi matin, je n’ai pas eu le plaisir d’être à vos côtés. Toutefois, Christian Eckert vous a écouté avec beaucoup d’attention et il tiendra, je le sais, à apporter sa contribution à vos travaux.
Je le dis sans malice, le débat d’aujourd'hui est un débat utile, comme l’était d’ailleurs le débat d’hier. Quelle que soit sa majorité, la Haute Assemblée fait toujours preuve d’esprit critique, et c’est nécessaire dans une démocratie, mais elle a également le sens de la proposition et de l’attitude raisonnables, dans un contexte qui n’est évidemment pas simple.
La situation de la France n’était déjà pas simple il y a deux ans et demi. Chacun le sait, la question du déficit, de la dépense publique, de l’évolution du prélèvement obligatoire et des impôts ne s’est pas posée uniquement à compter de mai 2012 ! La difficulté existe depuis longtemps, elle s’est manifestée tout particulièrement au cours des dernières années, à la suite d’une crise financière et bancaire, certes internationale, certes européenne, mais, en l’occurrence, subie également par la France.
La situation a entraîné une augmentation tout à fait imposante de l’endettement. M. Bouvard, notamment, connaît bien ce sujet pour l’avoir suivi déjà depuis l’Assemblée nationale. Les emprunts considérables des années 2009 et 2010, fixés pour une durée de cinq à six ans et qui parviendront à échéance en 2014, 2015 et 2016, rendent nécessaire une gestion particulièrement méticuleuse de notre dette pour éviter que le poids des remboursements – au sens strict, ceux-ci n’en sont pas, car nous remboursons pour nous endetter de nouveau – ne pèse trop significativement sur l’évolution des finances publiques. Le contexte est donc difficile.
Comment Christian Eckert et moi-même, en concertation avec le Premier ministre et le Président de la République, avons-nous voulu concevoir ce budget ?
Pardon de le dire ainsi, en contradiction avec certaines de vos critiques, mesdames, messieurs les sénateurs, mais il s’agit avant tout d’un budget de vérité, tenant compte de la situation actuelle. Nous avons même voulu, au cœur de l’été, mener une opération « vérité », laquelle a conduit le Gouvernement à revoir dès le mois d’août dernier le niveau du déficit prévu pour 2014. En effet, nous ne souhaitions pas courir, de décimale en décimale, derrière un déficit public dont nul n’ignore qu’il sera cette année bien supérieur à celui qui avait été annoncé.
Le déficit 2014 de la France est désormais attendu à 4, 4 % de PIB. Le chiffre est élevé, mais il n’est pas contesté. Je puis aujourd'hui vous le garantir, dans la mesure où un engagement de cette nature est possible, sachant que le déficit des finances publiques n’inclut pas uniquement celui de l’État, mais comprend aussi celui de la sécurité sociale, dont la régulation est possible, et le « financement » – qu’il ne faut jamais appeler « déficit » –, des collectivités locales, qui vient soutenir l’investissement, mais qui n’est évidemment pas à la main de l’État, même si le Gouvernement peut chercher – vous en êtes témoins ici et vous le critiquez parfois – à influer sur le niveau des dépenses.
Oui, cette année, nous tiendrons le déficit au niveau qui a été annoncé au mois d’août dernier, grâce à notre volonté de prendre en compte, au plus près de la vérité, la situation économique de notre pays en 2014.
J’ai, dès le mois d’août dernier, annoncé que nous ne dépasserions pas 0, 4 % de croissance. Les derniers chiffres sont finalement un peu meilleurs. Il est d'ailleurs agréable, de temps en temps, de constater que la situation économique de la France est plus enviable que celle de l’Allemagne…