Le problème essentiel de la banane c'est qu'elle est considérée comme le fruit du pauvre. Ainsi, après la crise financière et économique de 2008, nous avons enregistré une forte hausse de 8 % de la consommation de bananes dans l'Union européenne. Sur un marché libéralisé de 5,5 millions de tonnes où domine la banane Cavendish standard, il est très difficile de promouvoir auprès des distributeurs et des acheteurs de la banane de conservation. Les décisions des opérateurs dépendent en définitive du prix du produit. La montée en gamme est en principe une bonne idée mais on ne peut pas alimenter le marché français qui consomme 550 000 tonnes de bananes par an uniquement avec de la banane haut de gamme. Il faut donc travailler sur les coûts de production qui ont tendance à s'alourdir et sur l'amélioration de la régulation du marché.
Pour évaluer l'impact des accords commerciaux depuis 2006, le CIRAD a mis au point un indice expérimental du coût de la banane. Nous tenons compte du fait que le prix de vente n'a pas enregistré d'évolution majeure et nous tentons de calculer plutôt le coût de la production de bananes par rapport au prix à l'import en France. Si l'on prend une base 100 comme référence en 2006, les coûts de production s'élèvent aujourd'hui à un indice de 129 et les prix à l'import à un indice de 112. On peut encore affiner la mesure en corrigeant l'évolution des prix par l'application de déflateurs d'inflation. Il apparaît alors clairement une dégradation de la valeur ajoutée sur le marché européen même si la consommation de bananes augmente et que les prix de vente n'ont pas dévissé.