Intervention de Hael Al Fahoum

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 3 décembre 2014 : 1ère réunion
Audition de M. Hael Al fahoum ambassadeur chef de la mission de palestine en france

Hael Al Fahoum, ambassadeur, chef de la mission de Palestine en France :

La seule solution est négociée. Il y a un consensus international sur cette solution ; ce qu'il faut négocier maintenant, ce sont ses paramètres d'application. Nous condamnons vigoureusement tout acte de violence. Mais le désespoir est terrible. J'aimerais connaître le sentiment d'un citoyen français qui vivrait une seule journée de l'enfer que sont nos jours et nos nuits. Nous avons du mal à accompagner nos enfants à l'école, à cause des check-points. Des représentants des grands partis de pays considérés comme les alliés stratégiques d'Israël - tel l'Allemagne - sont venus à Jérusalem-Est, à Hébron, à Bethléem ou à Jénine : ils avaient l'impression d'étouffer ! C'est l'impression de tous nos visiteurs. En tant qu'ambassadeur, je ne peux pas me rendre chez moi sans une coordination préalable, sous peine de devoir attendre six ou sept heures, par vengeance.

Malgré toute cette souffrance et cette frustration, nous condamnons ces actions, comme celle contre la synagogue. Même si nous subissons un sort comparable, nous ne devons pas devenir comme les autres. Voilà la culture que nous tentons de développer à l'intérieur de nous-mêmes. Si un autre peuple avait connu ce que nous avons vécu, il serait devenu un bloc de haine pure. Nous avons résisté contre cette tendance, explorant tout ce qui est positif à l'intérieur de nous pour vivre en paix avec nos voisins, nos cousins, nos frères israéliens. La colonisation accumule les provocations. Nous sommes prêts malgré tout à nous asseoir demain à la table de négociation si Israël gèle les actes illégaux : constructions de colonies, destructions de maisons, arrestations administratives de nos enfants. Israël a rejeté toutes nos demandes de négocier sur les frontières. Comment négocier sans parler des frontières et sans geler la colonisation ?

Oui, nous sommes prêts ; oui, c'est possible, à condition qu'il y ait une mobilisation internationale. Pendant des décennies, le désespoir a pu nous rendre myopes, mais nous cherchons maintenant des remèdes pour mieux voir les autres et les accepter ; il faudrait trouver aussi un remède pour l'aveuglement des Israéliens, cette forme d'arrogance du pouvoir qui les fait se sentir au-dessus des lois, de tout le monde, croire qu'ils peuvent imposer leurs conditions. C'est impossible : il n'y a pas de sécurité pour Israël sans reconnaissance des droits des Palestiniens, et réciproquement.

On parle de conflit israélo-palestinien, alors que nous subissons l'aide qu'Israël a reçue pour maintenir l'occupation : nous étions seuls face à tout cela. Sans volonté de vivre et de laisser vivre, de trouver le moyen de communiquer avec l'autre, le peuple palestinien aurait disparu depuis longtemps. Notre amour de la vie nous a gardés en vie. Ils ont tenté de nous enterrer, dit un proverbe mexicain, en oubliant que nos corps étaient des graines qui produisent des floraisons encore plus puissantes.

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