Intervention de Gilbert Roger

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 3 décembre 2014 : 1ère réunion
Expression des auteurs des propositions de résolution

Photo de Gilbert RogerGilbert Roger :

Les préoccupations exprimées par mes deux collègues sont très proches de celles que j'ai en tant que président du groupe d'amitié France-Palestine. J'ai conduit en Palestine, en mars dernier, une délégation comportant Mmes Demessine et Benbassa. Nous avons fait le 11 juin dernier un rapport devant la commission des affaires étrangères et de la défense. C'est à la suite de la publication de ma tribune dans Le Monde du 21 octobre dernier, dans laquelle je lançais un appel au gouvernement français à reconnaître l'Etat de Palestine, que les initiatives parlementaires ont commencé à fleurir. Un tel enjeu requiert notre unité.

Les démarches politiques européennes en faveur de cette reconnaissance interviennent alors que le blocage du processus de paix israélo-palestinien est manifeste. Le cycle de négociations mené par les Etats-Unis s'est conclu par un échec. Au coeur de l'été, le conflit meurtrier de Gaza a fait au moins 2 160 morts, dont 83% de civils palestiniens. L'échec de la diplomatie a repoussé la perspective d'un règlement définitif du conflit.

Dans ce contexte, l'initiative parlementaire française a toute sa place. La reconnaissance d'un Etat palestinien a été défendue par la France lors de la déclaration de François Mitterrand au Parlement israélien en 1982. Dans son programme présidentiel, François Hollande s'est engagé à reconnaître l'Etat de Palestine.

Jusqu'à présent, nous pensions que cette reconnaissance interviendrait après un accord bilatéral sur les frontières et le statut de Jérusalem. Face à l'impasse actuelle, cet argument n'est plus recevable. Depuis l'échec en avril de la dernière médiation américaine, aucune négociation n'a eu lieu. Aussi faut-il inverser le processus qui n'a pas fonctionné depuis les accords d'Oslo, à savoir la négociation d'accords intérimaires suivie cinq plus tard d'une négociation bilatérale sur le statut final. Nous devons donc reconnaître dès à présent l'Etat de Palestine, afin qu'il vive en paix aux côtés d'Israël, ce qui serait le premier pas vers une relation d'égal à égal. Ne pas reconnaître la Palestine comme un Etat, c'est accepter que la situation actuelle perdure et que les peuples palestiniens et israéliens continuent à vivre dans la violence et l'insécurité. Cette reconnaissance est la condition indispensable de l'ouverture de véritables négociations entre Israël et la Palestine. Reconnaître la Palestine comme un Etat, c'est se conformer au droit international : en tant que législateurs, nous nous devons d'être du côté du droit. Au nom du droit inaliénable à l'autodétermination, le peuple palestinien est fondé à se doter d'un Etat. Cette reconnaissance sécurisera l'existence de l'Etat de Palestine aujourd'hui gravement menacée par la poursuite de la colonisation israélienne.

J'ai écouté les arguments de M. Yossi Gal, ambassadeur d'Israël en France et je veux le rassurer. La commission des affaires étrangères tentera d'élaborer un texte le plus consensuel possible, même si chacun aurait aimé trouver certains mots dans la résolution que j'ai eu l'honneur de déposer.

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