Intervention de Didier Guillaume

Réunion du 11 décembre 2014 à 9h00
Reconnaissance de l'état de palestine — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Didier GuillaumeDidier Guillaume :

Voilà soixante ans que la situation dure. Voilà soixante ans que nous discutons. Voilà soixante ans que la communauté internationale est impuissante !

Alors oui, le vote de cette proposition de résolution équilibrée permettra peut-être de donner un coup d’accélérateur au règlement du conflit ! Oui, il permettra au Gouvernement de s’appuyer sur le soutien du Parlement pour faire entendre la voix de la France !

L’échec du processus d’Oslo doit nous interpeller. Oui, la paix durable que nous voulons là-bas passera forcément par la reconnaissance des deux États, de manière à leur permettre de vivre côte à côte, dans la sécurité. Conférer le statut d’État souverain aux Palestiniens participe de cette logique.

Je le rappelle, François Mitterrand disait à la tribune de la Knesset : « Le dialogue suppose la reconnaissance préalable et mutuelle du droit de l’autre à l’existence, le renoncement préalable et mutuel à la guerre directe ou indirecte [...]. Le dialogue suppose que chaque partie puisse aller jusqu’au bout de son droit, ce qui, pour les Palestiniens comme pour les autres, peut le moment venu signifier un État. » Depuis, tous les présidents de la République française se sont exprimés dans le même sens.

Cette position équilibrée, que la France pourrait porter, constitue la ligne constante de notre politique extérieure. Permettez-moi de citer un extrait de la proposition de résolution : « l’établissement d’un État démocratique et souverain de Palestine en paix et en sécurité aux côtés d’Israël, sur la base des lignes de 1967 avec Jérusalem pour capitale de ces deux États et fondé sur une reconnaissance mutuelle ». Nous pouvons tous nous retrouver sur ce texte !

La conférence internationale que le ministre des affaires étrangères et du développement international a proposé d’organiser devra avoir lieu et être concluante. La présente proposition de résolution participe bien évidemment de ce changement de méthode, qui prend acte de l’impasse actuelle et des nouvelles avancées que nous devons réaliser.

C’est en républicains responsables, convaincus d’une juste cause, que nous présentons cette proposition de résolution, afin que la France participe à une solution durable au conflit israélo-palestinien. C’est en républicains soucieux de notre démocratie que nous souhaitons une expression du Sénat digne et forte.

La politique est une alchimie constituée d’actes et de symboles. Bien évidemment, les symboles comptent dans notre pays ! C’est donc dans un esprit de solidarité avec les peuples israélien et palestinien que nous posons ici un acte symbolique de paix.

Il y a un an disparaissait Nelson Mandela. Avec lui, je veux dire à nos amis israéliens que « pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé. » Avec lui, je veux dire à nos amis palestiniens qu’« être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. » Le droit à la sécurité d’Israël est aussi inaliénable que le droit souverain des Palestiniens à disposer d’un État.

Il appartient à la France, parce qu’elle est l’amie de ces deux peuples, de poser, avec d’autres, les jalons de cette paix durable.

Mes chers collègues, tel est le sens de cette proposition de résolution. Soyons à la hauteur de l’enjeu ! §

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion