Intervention de Roger Karoutchi

Réunion du 11 décembre 2014 à 9h00
Reconnaissance de l'état de palestine — Suite du débat

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

Je reconnais que le Gouvernement, et lui seul, doit avoir la main en matière de diplomatie et d’affaires étrangères.

Les parlementaires, indépendamment de leurs qualités – je ne doute pas que tous les sénateurs présents en ont beaucoup -, disposent de beaucoup moins d’informations que le Gouvernement. Une diplomatie secrète est-elle en action ? Des contacts sont-ils noués ? Par définition, le Gouvernement, M. Laurent Fabius ou vous-même, monsieur le secrétaire d’État, disposez d’éléments qui ne sont pas portés à notre connaissance. Et c’est heureux ! Sinon, à quoi servirait-il d’avoir une diplomatie et des représentants partout dans le monde ?

Par conséquent, comment nous, parlementaires, qui ne disposons pas de toutes les informations auxquelles vous avez accès, pouvons-nous vous expliquer ce qu’il convient de faire ? En d’autres termes, l’interférence n’a pas de sens !

En outre, cette résolution n’est pas équilibrée. Vos propos à cette tribune l’étaient davantage, monsieur Guillaume ! Ainsi que vous l’avez rappelé, avec d’autres, le Hamas est une organisation terroriste qui envoie des missiles sur Israël et avec laquelle il est difficile de négocier. Pour preuve, le président Mahmoud Abbas a annulé un certain nombre de manifestations que son mouvement devait organiser à Gaza, du fait de la destruction du siège du Fatah ou des attaques perpétrées par le Hamas sur certains de ses éléments.

Vous le voyez, le problème demeure. Pour ma part, je suis pour l’existence de deux États. Mais encore faut-il qu’il s’agisse d’États dotés d’un gouvernement ayant une véritable autorité sur l’ensemble du territoire concerné. Aujourd'hui, je le rappelle, nous avons une organisation terroriste, le Hamas, qui envoie des missiles sur Israël ! Cela n’invalide pas tout ce qui a été dit. Oui, les morts, de deux côtés, sont de véritables drames ! On ne peut qu’appeler à la paix ! Mais, pour faire la paix, il faut être deux !

Il faut évidemment encourager le Gouvernement à prendre des initiatives, notamment pour permettre l’organisation de véritables conférences internationales, et ce même si, pardon de le rappeler, le Hamas reproche dans sa charte à ces conférences internationales de n’avoir aucun sens et refuse d’y participer, souhaitant purement et simplement que l’État d’Israël soit rayé de la carte. Certes, on peut m’opposer qu’il n’appliquera pas sa charte… Mais s’il pouvait commencer par l’abroger, ce serait déjà un geste ! Pour le moment, ce n’est pas le cas.

Ainsi la résolution ne me paraît pas suffisamment équilibrée.

Si l’on incitait le Gouvernement français à œuvrer pour l’existence de deux États, mais, sous réserve que cela soit envisageable, deux États démocratiques et exempts de tout mouvement terroriste organisé, je pourrais être plus favorable au texte. Or il n’en est rien ! La résolution est bien trop unilatérale pour que nous puissions la voter. Elle évoque la responsabilité d’Israël, que je ne conteste pas, mais n’aborde pas celle d’une organisation terroriste qui, par définition, n’a pas à être « diluée » dans le processus de paix.

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