Cette organisation existe, et nous ne savons pas comment la traiter. Le président Abbas lui-même ne le sait pas non plus.
Oui, il faut prendre des initiatives. Mais ne demandons pas au Gouvernement de reconnaître la Palestine sans se soucier de l’État ou du Gouvernement susceptible d'être mis en place ou même de l’existence d’organisations terroristes au sein du système. Une telle demande serait-elle acceptable ?
Je suis d’accord avec M. Guillaume pour affirmer que tous les sénateurs devraient réfléchir au problème. Mais cette réflexion doit être celle de démocrates, issus de la philosophie des Lumières et de la Révolution française. Peut-on accepter d’encourager notre propre gouvernement à aller de l’avant sans se soucier du reste alors qu’un peuple se trouve sous la menace d’une organisation terroriste ? Non ! Des gestes sont attendus des deux côtés ! Ils ne peuvent provenir d’un seul camp !
Enfin, je n’aurais pas évoqué ce point si Didier Guillaume ne l’avait pas, lui-même, souligné, le Parlement a une responsabilité collective. Il peut l’exprimer sur la scène internationale dans un mouvement de passion ou de compassion, mais elle s’exerce avant tout vis-à-vis des citoyens français.
Personne, à moins que nous ne soyons tous devenus aveugles et sourds, ne peut ignorer la situation actuelle du pays, avec les tensions et les drames. Les agressions ont été évoquées, mais c’est tout un climat qu’il faut relever. Étant très gaulliste, j’appelle de mes vœux l’unité nationale. Au-delà des communautés et des clivages, il faut des signes. À défaut, ou si les signes qui sont envoyés à une communauté qui ne se sent déjà pas très bien aujourd'hui sont des signes négatifs, ce sera terrible !
Avec cette résolution, vous n’allez pas faire progresser la paix en quoi que ce soit : vous n’allez ni contribuer à faire disparaître le terrorisme ni entamer la volonté d’Israël de poursuivre sa politique de colonisation, que vous condamnez. En revanche, vous allez donner, d’une manière ou d’une autre, un signal qui va être très mal interprété ; peut-être à tort, sans doute excessivement, mais c’est ainsi !
Nous sommes, depuis des mois, dans une situation critique, qu’ont dénoncée Manuel Valls et Bernard Cazeneuve. Sur le fond, ils ont raison, et je les soutiens dans leurs affirmations républicaines. Cependant, cette situation, un certain nombre de nos compatriotes la vivent particulièrement mal. Alors, faut-il encore leur envoyer un signal négatif, leur dire d’une certaine façon : « vous êtes mal, mais tant pis » ?
Ne faut-il pas plutôt leur dire que nous, le Sénat, l’Assemblée nationale, nous sommes d’abord là pour retisser du lien social et faire en sorte que tous les citoyens français se sentent chez eux dans notre pays ? Ce n’est pas le message qu’adresse cette proposition de résolution !