Intervention de Jean Germain

Réunion du 11 décembre 2014 à 9h00
Reconnaissance de l'état de palestine — Suite du débat

Photo de Jean GermainJean Germain :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, la question que pose notre proposition de résolution est de savoir si l’on peut se passer ou non, pour parvenir à la paix, des éléments qui doivent être ceux d’un Moyen-Orient en paix et si, parmi ceux-ci, figure bien un État de Palestine avec toutes ses prérogatives.

Nous sommes très nombreux ici à être éclairés sur cette question par les contacts que nous entretenons grâce aux groupes interparlementaires d’amitié avec des pays du Proche et du Moyen-Orient.

Au-delà de la sensibilité avec laquelle chacun aborde les questions géostratégiques, sociales, économiques, culturelles, dans son dialogue avec ses interlocuteurs, nous avons tous constaté que beaucoup d’Arabes, lorsqu’ils nous parlent d’Israël de manière informelle, emploient trop souvent les mots « les Israéliens » au lieu du mot « Israël » pour que cette nuance sémantique ne soit pas relevée.

Inversement, si l’on ne veut froisser personne, on dira plutôt « les Palestiniens » que « la Palestine ».

Les linguistes nous apprennent que nommer une chose, c’est la porter à l’existence. Il n’est donc pas anecdotique que les mots « Palestine » et « Israël » puissent être utilisés couramment par tous, notamment par les Palestiniens et par les Israéliens, pour désigner une réalité juridique et affective.

États et organisations internationales peuvent reconnaître tous les États qu’ils veulent, l’enjeu, pour une paix durable, est que ces derniers soient nommés dans le langage courant afin que la réalité qu’ils représentent soit reconnue par chacun.

Je crois très sincèrement que si notre pays, qui jouit d’un grand prestige au Moyen-Orient et dont les habitants parlent naturellement d’« Israël », accomplit le geste de reconnaître l’État de Palestine, alors, ceux qui, dans le monde arabe, sont sensibles et attentifs à sa voix, pourraient lui emprunter ses mots et parler, eux aussi, d’« Israël », et je ne crois pas qu’Israël s’en plaindrait.

Pourquoi la France a-t-elle une responsabilité particulière telle qu’elle peut amener les autres à suivre sa démarche ? L’histoire, les valeurs et les intérêts de notre pays nous poussent à reconnaître l’État de Palestine à côté de l’État d’Israël.

Avant d’aborder ces aspects, je veux souligner que, vis-à-vis des pays arabes, nous ne devons pas avoir les complexes et les frilosités sous lesquels les adeptes des théories du déclin voudraient nous voir disparaître pour se donner raison : grâce, notamment, au général de Gaulle, notre voix porte particulièrement dans le monde arabe.

Cette proposition de résolution, qui « invite le Gouvernement français à reconnaître l’État de Palestine et à en faire un instrument des négociations pour un règlement définitif du conflit et l’établissement d’une paix durable », loin d’être une injonction à son égard – ce que la Constitution ne permettrait pas –, procède d’un constat partagé au-delà de la gauche, au Sénat comme à l’Assemblée nationale et dans le pays tout entier.

Cette proposition de résolution, contrairement à ce que certains orateurs ont pu dire à cette tribune, est équilibrée.

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