Intervention de Stéphane Ravier

Réunion du 13 janvier 2015 à 16h20
Autorisation de prolongation de l'intervention des forces armées en irak — Débat et vote sur une demande du gouvernement

Photo de Stéphane RavierStéphane Ravier :

Qui a fait le lit de l’islamisme le plus violent en déstabilisant tout le Proche-Orient au nom de faux prophètes médiatiques les cheveux au vent et de leur idéologie mondialiste, à l’opposé de toutes les réalités locales ? C’est toujours vous !

Nous seuls avions prédit, avec Marine Le Pen, que la stratégie atlantiste des changements de régime, que vous avez appelés « printemps arabes », déboucherait inévitablement sur des hivers islamistes. Les régimes autoritaires alors en place n’étaient certes pas des parangons de vertu politique, mais ils étaient préférables au chaos et à la violence fanatique qui les ont remplacés. Ils étaient également préférables au régime que vous soutenez toujours dans la péninsule arabique. Ces financeurs du djihad ont largement contribué à plonger la Syrie et l’Irak dans la situation actuelle.

C’est à partir de la Syrie, où vous l’avez laissé prospérer contre le régime, que l’État islamique a pu mettre la main sur des pans entiers de l’Irak. Dans ces régions, il pratique un véritable génocide des chrétiens d’Orient et d’autres minorités. Ce génocide, mes chers collègues, vous ne pourrez pas dire que vous ne le connaissiez pas !

Face à cela, qu’aurons-nous fait aux yeux de l’Histoire ? Nous intervenons en appui des forces irakiennes et kurdes, au moyen d’une quinzaine d’avions de combat et de deux bâtiments de la marine nationale. Le porte-avions Charles-de-Gaulle doit quitter Toulon cette semaine, et vous avez annoncé le 17 décembre dernier, devant la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, l’envoi de 120 soldats français aux côtés des forces de sécurité irakiennes et kurdes. Cela fait de nous le deuxième contributeur à la coalition, devant les Britanniques, ces mêmes Britanniques qui, à cause de leur intervention en 2003 aux côtés des États-Unis, portent une lourde responsabilité dans la déstabilisation de la région.

Toutefois, le poids militaire de la coalition reste relativement mesuré, et ses forces n’arrivent toujours pas à stopper l’armée djihadiste de Daech.

Nous voterons donc la prolongation de notre intervention, mais nous pensons qu’il faut aller plus loin si nous voulons non seulement honorer notre rôle multiséculaire de protecteurs des chrétiens d’Orient, mais aussi, tout simplement, protéger les Français en France. La priorité de notre pays est d’éliminer ce cancer de l’islamisme armé et ses métastases qui s’étendent jusque sur notre sol, et de permettre ainsi aux populations déplacées de revenir chez elles vivre en paix.

Je n’ignore pas que les modalités d’intervention relèvent de l’exécutif, mais, pour être efficace, vous allez devoir revenir sur certains de vos choix, qui ont eu des conséquences gravissimes. Vous devez de toute urgence cesser de dépouiller nos armées de leurs moyens humains et financiers. Vous leur demandez toujours plus avec toujours moins de moyens, non seulement pour les opérations extérieures, mais aussi, désormais, sur le territoire national. Avec le déploiement de 10 000 hommes sur notre sol, la France est aujourd’hui notre premier théâtre d’opérations. Vous l’avez dit vous-même, il s’agit d’une « véritable opération intérieure » sans précédent.

Vous devez exiger de la Turquie qu’elle soit enfin claire dans son appui contre l’État islamique, au lieu d’utiliser ce dernier contre les Kurdes. Vous devez tirer toutes les conséquences de la continuité territoriale entre la Syrie et l’Irak, qui constitue une vaste bande incontrôlable où l’État islamique prospère sur fond de trafics. Vous devez également reprendre un dialogue soutenu avec le régime syrien, non pas pour le sanctifier ou l’absoudre, mais tout simplement pour réduire notre ennemi premier, qui est un ennemi commun.

J’ajoute que ce dialogue, qui implique les autres grandes puissances – les États-Unis et la Russie –, doit prendre en compte les spécificités régionales. De grâce, cessons de vouloir dupliquer nos propres institutions et faisons enfin preuve de réalisme dans des pays qui n’ont pas les mêmes traditions politiques que les nôtres.

Il est urgent et légitime de prolonger notre intervention en Irak, mais aussi d’agir en Syrie et de monter en puissance jusqu’à ce que cette région ne soit plus un sanctuaire et un camp d’entraînement géant pour ces djihadistes qui nous ont si durement frappés dans notre chair.

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