Intervention de David Assouline

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 14 janvier 2015 : 1ère réunion
Audition de M. Nicolas Curien candidat désigné par le président du sénat aux fonctions de membre du conseil supérieur de l'audiovisuel

Photo de David AssoulineDavid Assouline :

Je dois le dire avec quelque solennité et je ne vise nullement votre personne, monsieur Curien : je suis choqué par la façon dont les médias ont présenté votre nomination comme acquise, comme si ce n'était pas à notre commission de la ratifier, d'en être d'accord en le manifestant par un vote positif des trois cinquièmes. Nous nous sommes battus pour que la nomination des membres du CSA soit entre les mains du Parlement. Nous avons voulu rompre avec le régime précédent, où, parce que l'exécutif désignait les membres du CSA, le Conseil avait pu paraître comme un paravent dissimulant mal la domination du politique sur l'audiovisuel. Ces nominations sont stratégiques, ce vote positif de trois cinquièmes est par lui-même une révolution, en lieu et place de l'habituelle majorité des trois cinquièmes pour s'opposer aux candidats proposés par l'exécutif ; ce vote positif oblige au consensus entre majorité et opposition, c'est un garant de la qualité des personnalités retenues, aussi bien que du pluralisme - mais on galvaude aujourd'hui ce mécanisme en présentant pour acquise la nomination du candidat proposé. Cela ne peut continuer comme cela, il faut respecter le pluralisme, négocier en amont pour parvenir au consensus, faute de quoi ce sera la loterie des urnes, ou bien nous ne respectons plus les principes que nous avons adoptés.

Cela dit, monsieur Curien, votre curriculum vitae atteste que vous avez tout à fait le profil du poste. Votre parcours et vos compétences, dont je vous félicite, répondent très bien aux besoins d'expertise d'un CSA dont les missions ne cessent de s'étendre avec la révolution numérique. Votre expertise, cependant, ne saurait être le seul critère puisque tout membre du CSA se prononce sur des sujets qui vont bien au-delà de ses compétences techniques, sur des sujets de société et des choix de politiques publiques - ce qui nous autorise à vous poser encore des questions.

La fusion du CSA et de l'ARCEP fait débat, je plaide pour un maintien des deux institutions, pour l'indépendance du CSA : quelle doit être et quelle peut être, selon vous, la coopération entre le Conseil et l'Autorité ? L'intégration d'un ancien membre de l'ARCEP dans le CSA ne saurait tenir lieu de seule réponse : comment renforcer les liens entre les deux institutions ?

Comment envisagez-vous, ensuite, l'évolution de l'écosystème de l'audiovisuel ? Le CSA peut-il effectivement assumer ses nouvelles missions ? Jusqu'où, en particulier, peut-il contrôler les contenus audiovisuels sur Internet ?

Quelle est, enfin, votre vision de la place de l'audiovisuel public dans cet écosystème devenu tout à fait concurrentiel ? Je vous pose la question alors que le CSA va devoir prendre une décision politique majeure, celle de désigner le président de l'audiovisuel public - mais aussi à un moment où nous constatons, même dans les heures très graves que nous venons de vivre, combien la course à l'Audimat commande des choix éditoriaux privilégiant le sensationnalisme, y compris dans l'audiovisuel public, loin de la mesure raisonnable et de la poursuite de l'intérêt général. Quel vous paraît devoir être le ton de l'audiovisuel public ? C'est important pour l'ensemble du secteur audiovisuel.

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