Intervention de Harlem Désir

Réunion du 4 février 2015 à 14h30
Débat préalable à la réunion du conseil européen des 12 et 13 février 2015

Harlem Désir, secrétaire d'État :

Lors des élections du 25 janvier, le peuple grec a choisi une nouvelle orientation. Il a exprimé une aspiration au changement, à la justice sociale, à la croissance, ainsi qu’à la réforme. Dans le même temps, il a manifesté sa volonté de rester dans la zone euro. C’est sur cette base que M. Alexis Tsipras avait fait campagne.

Le nouveau Premier ministre grec était à Paris en début d’après-midi pour rencontrer, à son invitation, le Président de la République.

Notre objectif est d’aider la Grèce à retrouver le chemin de la croissance, de l’investissement, de l’emploi, et à nouer une relation partenariale avec l’ensemble des pays de l’Union européenne.

Si la dette de ce pays s’élève à 175 % de son PIB, c’est aussi parce que celui-ci a reculé de 25 % en cinq ans. Apporter une réponse à la situation financière de la Grèce, c’est d’abord apporter une réponse à sa situation économique. L’enjeu, pour ce pays, c’est de se remettre sur le chemin de la croissance, en mettant en œuvre un certain nombre de réformes. Le nouveau gouvernement grec s’est d’ailleurs engagé, pendant la campagne, à mener des réformes, notamment dans le domaine de la fiscalité – problème qui n’a pas été traité par les gouvernements précédents –, pour rendre plus efficace l’administration fiscale, mieux lutter contre la corruption, moderniser l’État.

Notre réponse doit consister à aider et à accompagner ce gouvernement. C’est bien le rôle que la France entend jouer, conformément à la tradition d’amitié entre nos deux pays.

Cette action sera guidée par trois principes : la solidarité, la responsabilité et l’unité européenne.

Sur le plan de la solidarité, tout d’abord, la France, amie et partenaire de la Grèce, l’accompagnera dans la recherche de solutions conformes à nos intérêts communs : parmi eux, l’appartenance de la Grèce à la zone euro ne fait pas question.

Concernant la responsabilité, ensuite, la Grèce est membre de l’Union européenne et de la zone euro : il faut trouver des solutions conformes à nos règles communes. Des questions sont posées : quel chemin emprunter pour permettre à la Grèce de retrouver une croissance durable ? Comment assurer la soutenabilité de la dette grecque ? Comment poursuivre les réformes jugées nécessaires ?

C’est dans un dialogue entre la Grèce et ses partenaires européens que sera définie la stratégie que les Grecs souhaiteront suivre et que l’Europe pourra accompagner.

Ces réponses devront être élaborées au cours des prochaines semaines, en même temps que la Grèce devra préparer la définition de cette stratégie, qui devra naturellement tenir compte des engagements pris.

Il n’est pas question d’annuler la dette grecque, mais il faut créer les conditions de la reprise économique, de la croissance, d’un retour des investissements et de l’emploi qui permettront son remboursement le moment venu.

Enfin, il existe un principe d’unité européenne. Le ministre des finances grec l’a dit lors de sa rencontre avec Michel Sapin : il ne s’agit pas de négocier les uns contre les autres, il s’agit de travailler ensemble. Le gouvernement grec doit œuvrer avec les autres gouvernements de l’Union européenne pour que l’ensemble de l’Europe et de la zone euro permette à la Grèce de sortir de la situation dans laquelle elle se trouve plongée.

L’objectif est d’éviter que l’ensemble de la zone euro soit fragilisée par cette situation, qu’elle puisse au contraire retrouver la stabilité et le dynamisme nécessaires au moment où tous nos efforts sont tournés vers le soutien à la croissance, de manière que l’économie européenne bénéficie à plein de la décision prise par la Banque centrale européenne d’injecter massivement de nouvelles liquidités, d’un cours de l’euro plus favorable à nos exportations et de la mise en œuvre du plan d’investissements stratégiques de Jean-Claude Juncker, devant permettre de lever 315 milliards d’euros.

Voilà, mesdames, messieurs les sénateurs, ce que je souhaitais vous dire à titre liminaire. L’ordre du jour européen est dense et, plus que jamais, sur tous les sujets essentiels, le rôle de la France est central pour permettre à l’Europe d’aller de l’avant.

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