Intervention de Xavier Pintat

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 20 février 2013 : 1ère réunion
Forum transatlantique organisé par l'assemblée parlementaire de l'otan — Communication

Photo de Xavier PintatXavier Pintat :

Je voudrais compléter les propos de mon collègue Daniel Reiner en évoquant trois sujets.

L'évolution de l'effort de défense aux Etats-Unis, tout d'abord, et ses conséquences sur l'OTAN et les relations transatlantiques.

Je rappelle que le budget de la défense des Etats-Unis représente aujourd'hui, avec plus de 700 milliards de dollars, 4,7 % du PIB, 19 % du budget fédéral et près de la moitié des dépenses militaires mondiales.

Ce budget a considérablement augmenté depuis 2001 en raison notamment de l'engagement américain en Irak et en Afghanistan.

Compte tenu de la nécessité de réduire le déficit budgétaire, les autorités américaines ont déjà prévu une réduction importante, de près de 500 milliards de dollars, du budget de la défense sur les dix prochaines années.

Au moment de notre séjour à Washington, début décembre, l'attention de l'ensemble des responsables américains était focalisée sur la « falaise fiscale ».

Pour faire fasse aux déficits abyssaux (les Etats-Unis ont une dette publique de 15 000 milliards de dollars, soit 105 % du PIB, un déficit budgétaire de 1 300 milliards et un déficit commercial de 500 milliards de dollars), un accord passé en 2011 entre démocrates et républicains au Congrès prévoyait qu'en l'absence de plan d'envergure pour résorber la dette publique, 1 000 milliards de dollars de dépenses publiques supplémentaires, dites de séquestre, seraient annulées d'autorité. Ces coupes auraient affecté pour moitié les dépenses de la défense (soit une réduction supplémentaire de 500 milliards).

En définitive, un accord provisoire a été obtenu à l'arrachée entre démocrates et républicains, dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, prévoyant des hausses d'impôts et des coupes supplémentaires, mais qui ne règle pas définitivement la question.

Cette réduction importante de l'effort de défense (entre 500 et 1 000 milliards de dollars sur les dix prochaines années) aux Etats-Unis devrait porter à la fois sur les personnels (les forces américaines comptent 1,4 million d'hommes auxquels s'ajoutent 1,2 million de réservistes), les équipements et le soutien (par exemple le système de santé) et les opérations.

En revanche, certains domaines devraient faire l'objet d'un renforcement, notamment le renseignement, les forces spéciales, le cyber ou encore les drones, où les Etats-Unis consacrent déjà des moyens considérables.

On voit bien qu'à l'avenir, après l'expérience douloureuse des interventions en Irak et en Afghanistan, les Etats-Unis privilégieront d'autres formes d'interventions, comme les frappes à distance à l'aide de drones.

Quel sera l'impact de cette réduction sur l'OTAN ?

D'ores et déjà, les autorités américaines ont annoncé la suppression de deux brigades (sur quatre) stationnées en Europe et on évoque une réduction des armes nucléaires tactiques. En revanche, les Etats-Unis devraient déployer de nouveaux moyens dans le cadre du système de défense anti-missiles de l'OTAN.

Concernant l'Afghanistan, qui a occupé une place importante lors du Forum, lors de son discours sur l'état de l'Union, le Président Barack Obama a annoncé la réduction de moitié du contingent américain en Afghanistan (qui passerait de 68 000 à 34 000 hommes) d'ici la fin de l'année 2013.

Pour l'après 2014, plusieurs options ont été présentées lors du Forum, allant de 0 soldat (à l'image de l'Irak), hypothèse envisagée si les Etats-Unis n'obtiennent pas des autorités afghanes une immunité de juridiction pour leurs soldats, à 30 000, l'hypothèse la plus vraisemblable se situant autour de 10 000.

Les Etats-Unis attendent un soutien des pays de l'OTAN pour l'après 2014 en Afghanistan (notamment le financement des forces de sécurité afghanes).

Enfin, le dernier sujet que je voulais évoquer concerne les relations avec la Russie.

Le premier mandat du Président Barack Obama avait été marqué par une volonté de renforcer les relations avec la Russie (le « reset » ou nouveau départ). Toutefois, malgré certains progrès, notamment l'entrée de la Russie à l'OMC et la coopération sur l'Afghanistan, cette politique d'ouverture à l'égard de la Russie n'a pas donné les résultats escomptés et les désaccords se sont multipliés, qu'il s'agisse de la Syrie, du système de défense anti-missiles de l'OTAN ou encore de la situation en matière de démocratie et des droits de l'homme en Russie, avec notamment le vote par le Congrès américain de la « loi Magnitsky », du nom d'un avocat américano-russe mort en détention en Russie.

Les relations sont si tendues qu'on évoque à Washington un climat de nouvelle « guerre froide » même si cela peut nous sembler très exagéré.

Le Président américain a toutefois annoncé récemment son intention de négocier avec la Russie une réduction supplémentaire de l'arsenal nucléaire des deux pays, après le traité START de 2010.

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