Intervention de Daniel Reiner

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 20 février 2013 : 1ère réunion
Déplacement de la commission de la défense et de la sécurité de l'assemblée parlementaire de l'otan à bahreïn et au qatar — Communication

Photo de Daniel ReinerDaniel Reiner :

Avec mon collègue M. Xavier Pintat, ainsi que nos collègues députés M. Gilbert Le Bris et Mme Nicole Ameline, nous avons participé au déplacement de la commission de la défense et de la sécurité de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, au Bahreïn du 20 au 22 janvier, puis au Qatar du 22 au 24 janvier.

Notre délégation était conduite par Sir John Stanley, ancien ministre de la défense britannique, et composée de 23 parlementaires issus de 12 pays.

Je vous présenterai d'abord le compte rendu de notre visite au Bahreïn, avant de laisser la parole à M. Xavier Pintat, qui vous présentera le compte rendu de notre séjour au Qatar.

Avec une superficie de 711 km², équivalente à celle de Singapour, comprenant 33 îles dans le Golfe persique, le Bahreïn est le plus petit des pays arabes.

Ancien Protectorat britannique, indépendant depuis le 15 août 1971, l'Emirat est devenu un Royaume le 14 février 2002. Il est placé sous l'autorité du Roi Hamad bin Issa Al Khalifa, lequel a succédé à son père le 6 mars 1999.

Le Gouvernement est, quant à lui, dirigé par Cheikh Khalifa bin Salman Al Khalifa, oncle du Roi et Premier ministre depuis 1971. Le Prince héritier, Cheikh Salman bin Hamad Al Khalifa, exerce depuis 1999 les fonctions de commandant en chef des forces armées et porte le titre de « Commandant suprême adjoint des forces armées » depuis janvier 2007. Il préside par ailleurs le Bureau du Développement Economique (BDE) du Bahreïn.

Le Bahreïn, qui compte 1,2 million d'habitants, dont presque la moitié de nationaux (530 000), connaît depuis février 2011 une crise politique sur fond de tensions confessionnelles.

La communauté chiite, majoritaire à 70 %, exige de la dynastie sunnite au pouvoir des réformes politiques et la fin des discriminations dont elle s'estime victime.

Entre le 1er février et le 14 mars 2011, jusqu'à 150 000 manifestants se sont mobilisés, en majorité chiites, pour demander l'instauration d'une monarchie constitutionnelle et la fin des discriminations.

A partir du 14 mars, à la suite de violents incidents survenus dans le centre ville de la capitale, Manama, les autorités ont décidé de réprimer sans concession les mouvements de foule : l'état d'urgence a alors été décrété et le gouvernement a ordonné la destruction du monument de la place de la Perle, symbole de la contestation.

Le 15 mars, le Bahreïn a reçu des renforts militaires des pays du Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe (CCEAG), d'Arabie Saoudite et des Emirats arabes unis, et a mené une vaste campagne d'arrestations.

Si, à partir de l'été 2011, l'état d'urgence a été levé et qu'un « dialogue national » a été officiellement ouvert, la situation reste tendue et de nombreuses ONG ont constaté des violations des droits de l'homme.

Moins richement doté en hydrocarbures que ses voisins du Golfe, le Bahreïn affiche un PIB par habitant de 27 000 dollars (à comparer avec les 100 000 dollars du Qatar).

Le Bahreïn entretient enfin une relation très privilégiée avec les Etats-Unis, en accueillant le commandement de la Ve flotte et le Commandement central des Forces navales américaines, ainsi qu'avec le Royaume-Uni.

Lors de son séjour au Bahreïn, notre délégation a d'abord rencontré le maréchal Cheikh Khalifa bin Ahmed Al-Khalifa, commandant en chef des Forces de défense du Bahreïn, et le lieutenant-général Cheikh Mohamed Bin Abdulla Al-Khalifa, ministre d'Etat chargé des affaires de défense.

Notre entretien a porté sur les forces de défense du Bahreïn, notamment la défense antimissile, avec des questions sur le recrutement des personnels, les différentes appartenances religieuses de Bahreïnis et la place des femmes.

L'entretien a aussi donné lieu à un examen des relations avec les pays de l'OTAN, dont la Turquie, et à un tour d'horizon de la situation régionale, abordant les relations avec les pays voisins, notamment l'Iran, l'importance de la coopération dans le cadre du Conseil de coopération du Golfe, l'Irak, la Syrie ainsi que les menaces, parmi lesquelles le risque de minage du Golfe persique et du détroit d'Ormuz, ainsi que la lutte contre le terrorisme et contre la piraterie.

Des échanges sont aussi intervenus sur les événements du début de l'année 2012 à Bahreïn et le rôle des forces de sécurité.

Notre délégation a également rencontré, au QG de la Vème flotte américaine, le Commandement interarmées des forces maritimes combinées (CMF), commandée par le Vice-amiral John Miller, commandant de la Vème Flotte américaine, et par le Commodore Simon Ancona, de la Royal Navy.

La CMF intervient dans le quart nord-ouest de l'Océan indien et exerce, outre les missions de surveillance et de sécurité du trafic maritime, des missions de lutte contre le terrorisme et de lutte contre la piraterie.

Une coordination est opérée avec la lutte contre la piraterie opérée à partir de Djibouti, dans le cadre de l'Union européenne (opération Atalante) et de l'OTAN (opération Ocean Shield).

Nos interlocuteurs ont souligné la souplesse de ce type de coopération entre 27 pays, dont la France, sur une base volontaire, sans corps de règles spécifiques : les règles applicables à chaque unité, notamment en matière d'engagement, sont celles du pays d'origine.

Notre délégation s'est rendue à bord de navires de lutte contre les mines de la Royal Navy.

Nous avons également rencontré le major-général Cheikh Hamad bin Abdulla Al-Khalifa, commandant de la Force aérienne royale du Bahreïn, qui a présenté les moyens dont il dispose, notamment ceux de la protection antiaérienne.

La visite de la base aérienne bahreïnienne (Issa Air Base) a permis aux membres de notre délégation, non seulement de voir les équipements du Bahreïn, mais aussi de constater, avec bonheur, la présence de trois Rafale dans le cadre d'un exercice conjoint avec l'Armée de l'air.

Puis elle a rencontré le Commandant des Forces navales américaines du NAVCENT et Commandant de la Vè flotte américaine, le vice-amiral John W. Miller, qui a présenté le fonctionnement opérationnel des forces placées sous ses ordres dans le golfe persique et le quart nord-ouest de l'Océan indien.

Il a présenté les principaux enjeux de la lutte contre les mines dans le Golfe persique, de la lutte contre la piraterie et les implications de la proximité de l'Iran. Dans la foulée, le commandement central du Corps des Marines des Etats-Unis (MARCENT) et les missions des Marines stationnés dans le Golfe ont fait l'objet d'une présentation par le colonel Jackson.

Le Roi Cheikh Hamad bin Issa Al-Khalifa a ensuite accordé une audience à certains membres de la délégation, dont nos collègues députés.

Pendant ce temps, nous avons visité un navire de lutte contre les mines de classe « Avenger » et un patrouilleur de classe « Cyclone ».

Enfin, nous avons rencontré notre ambassadeur au Bahreïn, Son Exc. M. Christian Testot, qui nous a réservé un très bon accueil.

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