Intervention de Xavier Pintat

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 20 février 2013 : 1ère réunion
Déplacement de la commission de la défense et de la sécurité de l'assemblée parlementaire de l'otan à bahreïn et au qatar — Communication

Photo de Xavier PintatXavier Pintat :

Notre délégation s'est ensuite rendue au Qatar, du 22 au 24 janvier.

Avec une superficie de 11 437 km² et une population de 1,75 million d'habitants, l'Etat du Qatar est, avec Bahreïn, l'un des plus petits Etats du Golfe.

Devenu indépendant en septembre 1971 après cinquante cinq ans de protectorat britannique, il a refusé d'être intégré dans la fédération des Emirats arabes unis.

Disposant des troisièmes réserves mondiales de gaz, le Qatar est devenu le premier producteur et exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL). Il maintient, en complément, le développement de sa production pétrolière.

En dépit de la crise internationale, le PIB du pays a ainsi connu une croissance de 16 % en 2010 et 19 % en 2011. En termes de PIB/habitant, le Qatar est devenu en 2010 le pays le plus riche du monde (100 000 dollars/hab).

Sous la conduite de l'Emir, Cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani, de son Premier ministre et ministre des affaires étrangères, Cheikh Hamad bin Jassem, et grâce à des ressources considérables, le Qatar joue un rôle nouveau sur la scène internationale.

Petit pays richissime, situé dans une des régions les plus instables du monde, enserré entre les deux puissances régionales, l'Arabie Saoudite, dont il ne veut pas être le vassal, et l'Iran, dont il se méfie, le Qatar a pour priorité d'assurer son indépendance et sa sécurité.

Cette politique d'« assurance-vie » prend la forme, d'une part d'alliances avec des grands partenaires (le Qatar a passé des accords de défense avec les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni) et d'autre part, un fort activisme sur la scène internationale. Le Qatar s'est ainsi rapproché de l'OTAN, notamment en participant aux frappes aériennes lors d'interventions en Libye (avec 6 mirages qataries).

Le Qatar mène ainsi une diplomatie active en qualité de médiateur régional puis, plus récemment, dans le contexte des printemps arabes, grâce notamment à la chaîne d'information en langue arabe Al Jazira.

Au Qatar, notre délégation a d'abord rencontré le Major Général Hamad bin Ali Al-Attiyah, chef d'Etat-major des forces armées du Qatar, pour un tour d'horizon général.

Celui-ci a notamment insisté sur la qualité des relations avec l'OTAN, qui ont pu être constatées lors de l'intervention en Libye en 2011, ainsi que sur les accords de défense conclus avec de nombreux pays, dont la France, pays ami et partenaire stratégique. La qualité des relations mutuelles a été soulignée.

Des questions ont notamment été posées sur le soutien apporté par le Qatar à l'opposition syrienne et sur les relations avec l'Iran.

Nos entretiens se sont poursuivis avec le général de division aérienne Al-Souleiti, commandant adjoint de la force aérienne du Qatar et le Brigadier Ahmed Al-Malki, qui a participé aux opérations en Libye.

Les interventions ont davantage porté sur les aspects opérationnels, avec entre autres les enseignements de l'opération en Libye, et l'environnement géostratégique du Qatar. Les besoins en équipements, avions et défense antimissile, ont aussi été abordés à l'occasion des questions.

Une visite de la base aérienne attenante a suivi, avec notamment la faculté de voir exposés les Mirage 2000-5 intervenus en Libye, dont les pilotes qataries ont vanté avec force les qualités, devant nos collègues de l'OTAN.

Notre délégation a ensuite visité la frégate de Classe Duke « Monmouth » de la Royal Navy, en escale à Doha.

Elle a également rencontré M. Zayed Al-Naemi, directeur d'Amérique et d'Europe au ministère des affaires étrangères du Qatar, et M. Yousuf Al-Saada, directeur des organisations internationales.

L'entretien a donné lieu à un tour d'horizon des relations avec les Etats voisins et les autres puissances régionales, ainsi qu'à un examen de l'intérêt des partenariats stratégiques.

Les relations avec l'OTAN, notamment dans le cadre de l'initiative de coopération d'Istanbul lancée en 2004, ont été évoquées, de même que l'importance des liens avec l'Union européenne et les pays européens, dont la France.

Les positions de l'Union européenne sur la question palestinienne ont notamment été mentionnées comme appréciées.

A également été affirmé l'attachement du Qatar, d'une part, aux aspirations du peuple syrien et, d'autre part, au règlement de la situation du Mali, avec un rappel de sa participation à la Conférence des donateurs.

Après des premières interventions assez critiques sur l'intervention de la France au Mali, le Premier ministre qatarien a pris des positions plus modérées, qui marquent une nette évolution du discours en faveur de l'intervention française, même s'il faut bien admettre que cette intervention reste perçue par l'homme de la rue comme une « croisade » à l'encontre de musulmans.

Etait également inscrite à l'agenda une visite du Centre aérien des opérations combinées d'Al Udeïd, qui abrite le commandement des forces aériennes américaines pour la zone centrale (COMAFCENT), et notamment le centre des opérations aériennes multinationales. Nous avons été reçus par l'Air commodore australien David Steele.

Enfin, pour conclure, nous avons pu bénéficier au cours de notre séjour d'un très bon accueil de la part de l'ambassadeur de France à Doha, Son Exc. M. Jean Christophe Peaucelle, et de l'ensemble de ses collaborateurs, dont notre attaché de défense.

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