Intervention de Xavier Darcos

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 26 juin 2013 : 1ère réunion
Deuxième rapport d'évaluation de l'expérimentation du rattachement du réseau culturel à l'institut français — Audition de M. Xavier daRcos président de l'institut français

Xavier Darcos, président de l'Institut Français :

S'agissant des choix méthodologiques du rapport, le deuxième rapport insiste beaucoup sur la chaîne budgétaire et comptable. C'était l'objectif, mais évidemment cela fait un peu perdre de vue les missions de l'Institut et du réseau. Pour ce qui est de l'objectivité, l'Institut Français a été associé à l'évaluation, nous avons essayé de répondre le plus rigoureusement possible sans avoir de préjugés ou d'avis fermés, notre objectif étant d'avoir un dispositif qui fonctionne. Cela étant, je vois bien, comme le sénateur Jean Besson et comme je l'ai rappelé en préambule, quelques présupposés du rapport qui résulte des réponses à des questions qui ont été dans une certaine mesure un petit peu ciblées.

La crainte des ambassadeurs est compréhensible mais nous ne sommes qu'un instrument de la diplomatie globale. Nous n'avons pas à avoir une diplomatie autonome. L'ambassadeur conduit la diplomatie dans son poste et nous sommes là pour lui rendre service. Mais il est vrai qu'à l'Institut Français nous sommes un peu la « vitrine » de l'ambassade, ce qui permet notamment d'établir des contacts. C'est un lieu culturel et parfois, dans certaines capitales, l'un des rares ou uniques lieux culturels. De surcroit, je précise que l'ambassadeur préside le COSL (comité d'orientation stratégique local) et qu'il reste donc le maître du jeu.

S'agissant des évaluations chiffrées du coût du rattachement, elles sont multiples et je ne sais pas d'où elles viennent. Évidemment il y aurait des pertes de recettes si nous perdions certains privilèges fiscaux. Mais tout cela reste à démontrer et à préciser.

Quant au périmètre d'action du COCAC qui est plus large que celui de l'Institut Français, c'est une difficulté que nous avons que nous avons identifiée dès le vote de la loi, laquelle n'a pas été peut-être jusqu'au bout de sa logique. Ce faisant, sur le terrain, lorsque le COCAC est directeur, il s'en débrouille généralement très bien.

Les Alliances Françaises ont pu être inquiètes, car les Instituts français ont été plus visibles, mais ce qui est sûr c'est que nous serions incapables de remplir notre mission sans les Alliances françaises qui constituent la moitié du réseau et qui sont présentes, et parfois seules présentes, dans un grand nombre de postes. Il n'y a pas de concurrence. Nous travaillons en commun. Nous avons signé une convention avec la fédération des Alliances Françaises conformément à notre contrat d'objectifs et de moyens. Christian Jacq sera présent aux Ateliers que nous organisons à Lille. Les préventions qui existaient au départ ont été levées.

Vous me demandez si l'Institut Français est en mesure de prendre la gestion du réseau, et s'il le veut vraiment. Nous avons évité jusqu'à maintenant de répondre à cette question, car la question ne nous est pas posée. Elle est posée au gouvernement. En tant qu'opérateur, nous ferons ce que la tutelle nous demandera de faire. Mais il faudra trouver des solutions pour éviter de revenir en arrière. Ce serait un échec pour tout le monde. Si nous ne procédons pas au rattachement au sens juridique du terme, il faudra exprimer que le pilotage global est effectivement confié à un opérateur et que l'on va dans le sens d'une mutualisation de l'action culturelle extérieure.

Nous nous interrogeons donc moins sur la méthode que sur les ambitions. Notre ambition est que le premier réseau culturel du monde, le réseau français, ne soit pas dépassé par les évènements et par ses concurrents (notamment les Chinois qui ont déjà deux fois plus d'implantations que nous). Notre ambition est de construire un réseau numérisé, de proposer des offres de services pertinentes, d'être présents partout, et de repérer les « jeunes pousses », les jeunes talents, les créateurs, dans les domaines artistiques et culturels pour les attirer vers nous et leur proposer de travailler avec nous.

Quant à la méthode à utiliser pour y arriver, savoir s'il faut des bureaux locaux avec les personnels payés de Paris, c'est au Parlement d'en débattre et au gouvernement de décider. L'idée du grand réseau, administratif ou pas, doit être exprimée régulièrement, même vis-à-vis de nos partenaires. Ce serait nous affaiblir que d'y renoncer. Il faut revenir à l'esprit de la loi qui partait de la réflexion sur nos partenaires européens qui disposent d'institutions établies et reconnues, alors que nous continuions à monter des opérations locales au gré des initiatives des uns ou des autres, sans vision stratégique d'ensemble ni d'identification unifiée. Revenir au statu quo ante serait un échec pour tout le monde. Nous avons besoin d'analyses complémentaires, c'est l'objet du troisième rapport d'évaluation. Nous disposerons des conclusions du rapport de la mission demandée par l'Assemblée nationale à la Cour des Comptes et nous verrons ce qu'il dira sur les questions fiscales notamment. Nous attendons ces informations pour préparer le troisième rapport.

S'agissant du périmètre, il est vrai qu'au moment de la préparation de la loi en 2009 et 2010, il y eu des hésitations sur l'idée de regrouper les politiques culturelle et universitaire. Mais la loi a tranché et Campus France existe. Il serait compliqué de revenir en arrière. Les bureaux de Campus France sont au sein des Instituts français, l'étanchéité n'existe pas sur le terrain. Localement, il y a le sentiment d'appartenance à une même équipe.

La question des bourses est récurrente, elle nous est en effet posée chaque fois que nous voyageons mais elle n'est pas une de nos compétences. Nous accompagnons un certain nombre de bourses mais l'échange universitaire est pris en charge par Campus France. Quant à l'hébergement des étudiants chinois en France, il pourrait être proposé à la Chine de se rapprocher de la Cité universitaire internationale.

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