Il est clair que le retour éventuel des extrémistes en provenance du nord du Mali constitue une menace. Des milliers de mercenaires de l'ancien régime sont partis avec leurs armes, nous craignons que certains reviennent. Des mesures préventives ont été prises pour l'éviter, car ces mercenaires pourraient bénéficier de la solidarité tribale dans le sud de la Libye. Il y a des liens entre les tribus Touaregs, Toubous et Zaouïas et de fortes traditions de solidarité et d'accueil. Nous essayons de mettre en place une coopération avec nos amis et voisins, mais nous sommes conscients de nos faiblesses, la frontière entre le Niger et le Libye est ouverte et peu surveillée. Il importe de procéder de manière préventive, avant que le danger ne se concrétise, notamment par le renseignement. Certaines informations nous laissent entrevoir la possibilité d'une connexion entre ces groupes et certains éléments appartenant à l'ancien régime. Compte tenu de son histoire, la France s'est toujours souciée de savoir ce qui se passait dans le Fezzan. Elle pourrait peut-être nous aider à mettre en place des moyens technologiques et de formation pour surveiller nos frontières.
Nous bénéficions d'aides initiées par le Partenariat de Deauville. Aujourd'hui même un plan d'action a été adopté en matière de sécurité, de justice et de l'état de droit. Nous nous attendons à une mobilisation importante de fonds du Partenariat de Deauville pour financer sa mise en oeuvre.
Avant la chute de l'ancien régime, les stocks d'armes ont été utilisés par les révolutionnaires, mais aussi par des groupes à orientation religieuse. Des armes et des munitions ont donc été prélevées. Aujourd'hui, nous bénéficions de l'aide technique de l'Allemagne pour la collecte et le stockage de ces armes, et également de celle des États-Unis. La question est aussi en lien avec la reconversion des combattants pour la liberté.
C'est une question difficile que nous nous efforçons de traiter. Certains souhaiteraient être intégrés dans l'armée, d'autres dans la police. Certains voudraient reprendre des études, y compris à l'étranger. D'autres ont des projets professionnels ou d'investissement et apprécieraient une aide. Nous avons créé une instance spécialisée pour mettre en place une base de données qui regroupe 50.000 noms et recueillir les demandes de reconversion. Nous espérons pouvoir satisfaire les demandes. Le chef du gouvernement a également envisagé la constitution d'une garde nationale qui relèverait de la défense et qui pourrait constituer une valeur ajoutée pour assurer des missions de sécurité et dans le cadre de la reconstruction.
La Commission de Venise qui est une organisation non gouvernementale constitue un groupe d'experts de haut niveau. Bénéficier de son aide pourrait être appréciable, je vais suggérer à la commission des affaires juridiques de notre Parlement d'ouvrir un dialogue avec elle.