Intervention de Patrick Pailloux

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 10 juillet 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Patrick Pailloux directeur général de l'agence national de la sécurité des systèmes d'information anssi

Patrick Pailloux, directeur général de l'ANSSI :

En réponse au sénateur Bockel sur la question de l'opportunité d'un Small business act, je dirais que oui, il serait opportun de l'établir dans ce domaine car ce qui manque le plus aux PME, c'est l'accès à la commande publique. Nous avons de grands industriels et de petites entreprises et il faut que les deux puissent cohabiter. Pour la politique industrielle, nous y travaillons, mais cela prend du temps. Par exemple plusieurs sujets sont présents dans le cadre du plan pour les investissements d'avenir comme la sécurité des équipements de mobilité ou la réalisation de dispositifs de détection d'attaques informatiques. Par ailleurs, nous appuyons fortement la labellisation. C'est de la politique industrielle. Il y a par ailleurs des sujets plus compliqués à traiter, tels que les liens capitalistiques.

Concernant l'OTAN, il me semble important que l'OTAN sécurise ses propres infrastructures, ce qui n'est pas encore tout à fait le cas. Mais nous ne souhaitons pas que l'OTAN intervienne dans les infrastructures vitales des pays membres de l'alliance, car nous considérons que c'est de la responsabilité des Etats et de l'Union européenne. Enfin pour ce qui est des règles du jeu contre l'espionnage, cela va prendre du temps, comme ont pris du temps les droits de la mer et de l'espace et les progrès en ce domaine se feront à l'ONU, là où ont lieu les réunions d'un groupe international d'experts sur ces sujets.

En réponse au sénateur Berthou, sommes-nous dans une situation classique de lutte entre le glaive et le bouclier ? La réponse est oui. A ceci près que le cycle de réponse peut être de l'ordre de la journée entre le moment où l'on arrive à parer une attaque et celui où l'attaquant en tient compte pour porter une attaque plus sophistiquée que la première. Eliminer 90 % des attaques est réalisable, mais évidemment, cela va prendre du temps, ralentir les échanges et coûter un peu d'argent. S'agissant de la réserve citoyenne et de son utilité, la réponse est bien évidemment positive. Quels que soient les efforts de l'Etat, ils n'y suffiront pas et l'aide des réservistes est la bienvenue. C'est aussi une façon d'emmener les jeunes générations vers la réserve et les sujets de sécurité.

En réponse au sénateur Vallini sur la question d'une Europe de la cyber défense, je dirais qu'il y a en Europe les Etats disposant de capacités très significatives. Il s'agit du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne, de la Suède, des Pays-Bas et de l'Estonie. Avec tous ces pays, nous avons des échanges très approfondis. Et puis, il y a aussi des pays qui n'ont aucun dispositif défensif. L'Europe de la cyber défense va se faire. C'est une évidence. Du reste, les infrastructures des grands opérateurs sont rarement nationales, elles sont a minima européennes. L'Estonie a concentré une grande partie de son effort de défense sur la cyberdéfense. Ils hébergent notamment un centre de formation de l'OTAN du meilleur niveau.

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